Vincennes Christine de Pizan

VINCENNES

Christine, Charles V, et les lieux historiques du Val-de-Marne
par Thérèse MOREAU
(extrait)

 

 

Se voulant «fille d’étude», écrivaine entourée de manuscrits dans une chambre à soi, Christine de Pizan ne nous a légué aucune description bucolique du Bois-de-Vincennes ni de ses environs. Si elle s’est ntéressée à cette région, c’est parce que c’était l’un des lieux de prédilection du roi Charles V, bienfaiteur de la famille Pizan.En effet, Charles V «naquit au manoir du Bois-de-Vincennes le 22 janvier de l’an de grâce 13381» et mourut, son  physicien Thomas de Pizan à ses côtés, en septembre 1380 en son hôtel de Beauté-sur-Marne.

C’est donc en tant qu’historienne, redevable de «son pain» au défunt roi, que Christine fut amenée à écrire sur le Bois-de-Vincennes et les autres propriétés royales sises dans le Val-de-Marne. Car si la vie politique du roi fut à Paris, Charles V garda une affection particulière pour la région de sa naissance qu’il voulut embellir à l’égal de Paris et marquer du sceau de la souveraineté française.

Christine de Pizan est consciente de tout cela lorsque, en janvier 1404, elle est mandatée par le duc Philippe de Bourgogne pour faire le panégyrique et relater la vie de son défunt frère, le roi de France. L’époque était troublée, le roi Charles VI était en proie à des crises de démence ; on murmurait peut-être déjà que la reine Isabeau de Bavière avait pour amant le propre frère du roi ; les Anglais étaient prêts à reprendre la lutte armée pour conquérir le royaume.

Si Philippe de Bourgogne commandite pour son neveu le dauphin un ouvrage historique et pédagogique à une femme, c’est que Christine, qui a déjà une grande renommée de poétesse, vient de faire parler d’elle lors du Débat sur le Roman de la Rose 1, et qu’elle pouvait être présentée comme partisane de la branche régnante car elle était la fille d’un familier de Charles V et Charles VI.

Celle qui a si bien épousé la cause de la monarchie française est née à Venise en 1365. Son père Thommaso di Pizzano était l’un des conseillers de la République vénitienne. Il avait fait des études d’astrologie et de médecine à l’université de Bologne, l’une des meilleures d’Italie. Appelé comme astrologue et médecin du roi à la cour de Charles V, Thomas s’installe à Paris en 1368. La famille prospère grâce à la faveur du roi et des princes. La générosité du roi à l’égard de son serviteur l’amena non seulement à l’inclure dans son conseil privé mais à lui faire don de quelques propriétés en Val-de-Marne, comme celle d’Orsonville, non loin de Beauté. Quand vient l’âge du mariage, Christine se trouve fort  courtisée.Son père lui choisit un jeune noble, notaire à la Chancellerie royale. Elle n’eût pu, écrit-elle, choisir mieux. Elle a alors quinze ans et Étienne vingt-cinq. Ils vécurent dix ans à la «cour d’Hyménée», eurent trois enfants. Mais en 1390 Étienne meurt de la peste à Beauvais : Christine est foudroyée, voudrait mourir, mais doit nourrir ses enfants, sa mère et toute une «maisonnée». Car entre-temps, Thomas aussi est décédé.

[…]

 

Extrait de l’ouvrage : Balade en Val-de-Marne, sur les pas des écrivains (c) Alexandrines, mars 2002

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