VILLEQUIER
Victor Hugo voyageur, poète et défenseur du patrimoine,
par Évelyne Poirel
(extrait)
En Seine-Maritime, des rues, des places, des lycées, des collèges, des écoles, mais aussi un musée portent le nom de Victor Hugo ; pourtant durant sa longue vie (1802-1885), il n’y a passé que quelques mois, mais certains lieux ont imprimé leur présence dans sa vie et dans son œuvre au gré des peines et des joies : trois voyages en compagnie de Juliette Drouet en 1835, 1836 et 1837, une courte visite au Havre à sa fille Léopoldine jeune mariée en juillet 1843, puis sur sa tombe en 1846 et 1847, ensuite après l’exil, de brefs séjours chez Auguste Vacquerie à Villequier et chez Paul Meurice à Veules qui fut en septembre 1884 son dernier voyage en Normandie.
Poèmes, discours, correspondances nous livrent ses impressions et ses émotions. Au gré de ses découvertes, il éprouve le besoin de les faire partager à sa famille, à ses amis et ensuite à ses lecteurs. Enthousiasme, admiration ou indignation sont ainsi transcrits « à chaud » ou digérés, magnifiés et restitués dans sa poésie.
Lors de son premier voyage à Villequier, Léopoldine, sa fille, le remercie de l’avoir éduquée à apprécier la beauté : « Toutes les rives de la Seine sont si belles que pendant la traversée nous n’avons pas eu un instant d’ennui. […] Je t’ai remercié dans le fond de mon cœur, mon père chéri, car c’est toi qui nous as appris à apprécier et à jouir des belles choses1… »
Séduit par Rouen, il écrit à sa femme et lui demande de faire part de son émerveillement à son ami Louis Boulanger : « J’ai vu Rouen. Dis à Boulanger que j’ai vu Rouen. Il comprendra tout ce qu’il y a dans ce mot… J’ai vu tout, la chambre des comptes, l’Hôtel du Bourgtheroulde, le palais de justice, le Gros-Horloge, Saint-Ouen, Saint-Maclou, les vitraux de Saint-Vincent, les fontaines, les vieilles maisons sculptées, et l’énorme cathédrale qui fait à tout moment au bout des rues de magnifiques apparitions… » Inspiration que l’on retrouve dans le poème XXVII des Feuilles d’automne :
Amis ! c’est donc Rouen, la ville aux vieilles rues…
Bien avant de visiter la Seine-Inférieure d’alors, il en défend le patrimoine architectural et naturel, les monuments qu’on mutile, les falaises qui se dégradent.
[…]
Extrait de l’ouvrage : Balade en Seine-Maritime, sur les pas des écrivains (c) Alexandrines, mars 2007