Verfeil
La comtesse de Ségur à Verfeil
par Alain Lanavère
(extrait)
La comtesse de Ségur, née Rostopchine (1799-1874), l’auteur bien connu des vingt livres de la Bibliothèque rose, n’avait guère de raison de venir à Verfeil, puisque, née en Russie et fixée à Paris depuis 1820 par son mariage avec le comte Eugène de Ségur, elle se partageait entre la capitale et sa résidence d’été, « les Nouettes », en Normandie, non loin de Laigle. Elle vendit ce domaine en 1872, sans regret semble-t-il, préférant depuis dix ans passer l’été chez l’une de ses filles, Henriette, vicomtesse Fresneau, aux portes d’Auray, en Bretagne. On sait que la plupart des romans de Mme de Ségur se déroulent en Normandie, quelques-uns en Bretagne (Les Deux Nigauds ou Jean qui grogne et Jean qui rit), mais aucun aux parages de Toulouse.
Pourtant, au soir de sa vie, elle vint plusieurs fois à Verfeil, et même y passa des hivers entiers.
C’est que sa fille Nathalie la quatrième de ses huit enfants, avait épousé en 1846, à Paris, Paul de Martin, baron d’Ayguevives de Malaret, beau jeune homme de vieille noblesse toulousaine. Paul de Malaret était un ami intime de Gaston de Ségur, le fils aîné de la comtesse ; ils s’étaient connus enfants, tous deux pensionnaires dans un collège de la région parisienne ; les Ségur recevaient le dimanche le petit Paul de Malaret qui encouragé par son ami Gaston, finit par jeter son dévolu sur sa soeur, la fort jolie Nathalie. La noblesse du jeune marié était recommandable : descendant de capitouls, le grand-père de Paul, Joseph de Malaret avait été, dans de difficiles conditions, un excellent maire de Toulouse de 1811 à 1815.
Les Ségur avaient servi Napoléon Ier, les Malaret de même, et ils allaient derechef servir le neveu, Napoléon III. Paul de Malaret était diplomate; sa jeune femme (qui fut d’abord demoiselle d’honneur de l’Impératrice Eugénie, elle figure sur le célèbre tableau de Winterhalter) le suivit dans sa carrière, qui fut assez brillante.
Nathalie de Malaret donna à Mme de Ségur son premier petit-enfant, Camille, née à Londres en 1848 ; puis vinrent Madeleine (1849), Louis (1856) et Gaston (1862). Camille et Madeleine, nous les connaissons, leur grand-mère en fit les deux petites héroïnes de son premier roman, Les Petites Filles modèles (1857).
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Extrait de l’ouvrage : Balade en Midi-Pyrénées, sur les pas des écrivains (c) Alexandrines, mai 2011