UZERCHE
Henri Cueco. Les queues de cerises du Narcisse navré,
par Georges Châtain.
(extrait)
« J’ai pensé un moment que je ne pourrais plus vivre ici. » Propos d’entrée de jeu d’Henri Cueco lors d’un entretien télévisuel qui nous avait réunis, voici quelques décennies, dans sa maison de Pouget de Vigeois, près d’Uzerche. « Uzerche-la-Pucelle », parce que la ville, perchée, massive sur son oppidum granitique, n’a jamais été prise, des Sarrazins à la guerre de Cent Ans, par aucun assaillant.
« Pour mon travail ce n’était pas suffisant », développe Cueco ; partir, donc, direction Paris, bien sûr, dans les années soixante. Mais, a-t-il ajouté, « c’est au moment où je suis parti que l’idée d’une racine s’est faite plus fort ». Il a donc acheté, dans cette campagne de collines touffues, la vieille ferme à l’abandon, basse et trapue, retapée avec l’aide de copains, qui est depuis lors devenue l’atelier privilégié de son travail de peintre, et le lieu d’accueil des amis de partout pour de longues soirées où l’on cause.
Je pressens l’objection : si Cueco est un peintre, et un peintre assez installé dans la chronique contemporaine pour être aujourd’hui dans les dictionnaires, que vient-il donc faire au sommaire de cette collection « Sur les pas des écrivains » ?
C’est que Henri Cueco est aussi écrivain. Pas un peintre qui s’est amusé à écrire, encore moins un auteur qui s’est amusé à peindre. Son écriture, née d’abord d’une réflexion autour de son travail plastique et plus généralement de la philosophie de l’art, a peu à peu largué les amarres, pris son indépendance et toute son épaisseur. Il joue à égalité dans les deux langages.
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Extrait de l’ouvrage : Balade en Limousin, sur les pas des écrivains (c) Alexandrines, mars 2009