Marcel Conche à Tulle

TULLE

Marcel Conche : l’infini est au bout du chemin…
par Yannick Beaubatie
(extrait)

Lorsque Marcel Conche tente, aujourd’hui encore, d’expliquer le fait que, dès l’origine de son « être essentiel », il s’est « voué à la philosophie », parlant volontiers de sa « destination », de sa « vocation », c’est à une expérience faite à l’âge de sept ans, au mois de juillet 1929, alors que ses parents faisaient les foins au bord de la route nationale qui relie Beaulieu-sur-Dordogne et Saint-Céré, qu’il fait aussitôt référence : « Je me suis demandé “ si le monde finissait au tournant ” (je partis pour vérifier… mais mon père me rattrapa) – question philosophique : le monde est-il fini ou infini ? »

Ce serait donc ce jour-là qu’« une certaine image », intermédiaire, selon les mots de Bergson, « entre la simplicité de l’intuition concrète et la complexité des abstractions qui la traduisent », lui aurait été donnée, pour désormais le hanter, « fuyante et évanouissante », le suivre « comme son ombre à travers les tours et les détours de sa pensée ».

S’il est vrai, comme le pense Bernard Stiegler, que tous les hommes sont « voués à la philosophie », mais que seuls certains se montrent capables de faire « passer à l’acte » cette « puissance commune », nous voyons dans la trajectoire de Marcel Conche à quel point cette « vocation », qui exige, pour chacun, le désir de s’arracher à sa propre « banalité » (et donc l’expérience de l’extra-ordinaire), dépend avant tout des accidents d’une existence, fussent-ils, en apparence, dérisoires…

[…]

Extrait de l’ouvrage : Balade en Limousin, sur les pas des écrivains (c) Alexandrines, mars 2009

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