TRÉBEURDEN ET LA CÔTE DE GRANIT ROSE
Vivre et travailler en Armorique
par Kenneth White
(extrait)
Un beau matin lumineux de juin en Armorique. Les goélands crient haut dans le ciel, avec ce kiya, kiya qui exalte l’âme et ouvre l’esprit…
Vingt-sept ans déjà que je suis installé en Armorique. Jamais je n’ai habité aussi longtemps dans un même endroit. Il faut croire que j’ai trouvé ici un terrain exceptionnellement propice à plus d’un égard.
En quoi consiste donc, pour moi, l’attraction profonde et durable de ce lieu ? Après toutes ces années de résidence consciente et exploratrice, je ne voudrais pas me contenter d’un vague impressionnisme, j’aimerais, dans un premier temps, tirer quelques grandes lignes, établir même une sorte de télégramme cosmologique.
Je dirais que, dans mon esprit, la région est marquée par trois unités topographiques extraordinaires : un front pélagique, un complexe centré et un sanctuaire d’oiseaux.
Un front pélagique est un lieu de dynamique intense, où des eaux de différentes origines se mêlent, où la vie (poissons et plancton) est abondante. On en trouve ailleurs dans le monde évidemment – au Japon, dans la région de Kiroshio, au sud de l’Australie – mais un des plus intéressants se trouve justement ici, à la pointe de la Bretagne. Un complexe centré est le résultat du mouvement tourbillonnaire de magmas granitiques, de leur cristallisation, déformation, fracturation, tel qu’on peut le voir dans le chaos rose, ocre, blanc, gris, violet (selon le temps qu’il fait et la lumière du jour) de Ploumanac’h. Quant à la réserve naturelle, c’est celle des Sept-Îles, là, au large, fréquentée par des oiseaux migrateurs.
La maison que j’habite est une vieille bâtisse en granit et en schiste située sur les hauteurs de Trébeurden. Je l’ai baptisée Gwenved. « Gwenved » (pays blanc) est un vieux mot breton qui, dans les textes chrétiens, traduit la notion de paradis, mais il est bien antérieur au christianisme. Dans les Triades de l’île de Bretagne, on lit : « Dans le cercle de Gwenved, l’âme trouve trois choses : la puissance première, la mémoire première, l’amour premier. » Tout un programme.
[…]
Extrait de l’ouvrage : Balade en Bretagne Nord, sur les pas des écrivains (c) Alexandrines, mars 2011.
Cher poète de Gwenved
Kenneth White
Vous habitez une maison de ce nom, à Trebeurden . Je vous ai écrit , je n’avais pas l ‘adresse » complète » , la lettre n ‘est pas revenue, peut-être vous est – elle arrivée à l ‘adresse toute incomplète :
Kenneth White
Villa Gwenved
à Trebeurden ( avec le code postal pris à la poste )
Si votre maison évoque ou appelle un paradis , la terre où je vis actuellement le serait ( d’après Giono ) pour celui qui le chercherait, le paradis . Pourtant terre de souffrances de silences et de crimes , tous cachés ou occultés même , collectifs bien – sûr et ce sera donc une missive triste
surtout pour la nouvelle année !
C’est que j ‘insiste , je vous avais écrit il y a environ trois semaines à cette adresse incomplète me fiant aux vents , s’ils pouvaient porter le message . No response . La conteuse de Manosque que j ‘avais vue à vos côtés dans l ‘émission litteéraire reprise sans doute, une nuit de l ‘an 1997 qui se trouvait à vos côtés, l ‘Office de Tourisme de Manosque crut l ‘avoir retrouvée et, hier: Flora Berger ‘appelait.
Non ce n ‘est pas elle . Ai-je revé ou eté victime d’une projection – illusion ? Peut-être si vous vous rappeliez d’elle ou seulement de la date de votre passage dans cette émission , pourriez vous m ‘aider mais je comprendrai que cela puisse etre pesant . Cette » apparition » etait messagere , j ‘ y ai repensé 22 ans plus tard en traversant le Plateau . son souvenir ferme -t- il un itinéraire , une boucle ou comme chez les soufis, on décolle un cran au dessus . Aurait –elle existé ou pas , peu importe . Trouvez en ces mots je vous prie, de bonnes pensées , amicales et l ‘expression de mes meilleurs voeux quoiqu’il en soit
Anne -Marie Tran
La Papaye
Route de Riez
04410 Puimoisson
anne-marie.tran@orange.fr
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