TOULOUSE
Jean Cassou, poète et résistant en pays d’Oc
par Éric Vauthier
(extrait)
On ne saurait certes réduire Jean Cassou à un lieu, une ville, un pays. Né en 1897 dans les Pyrénées basques, à Bilbao, d’une mère andalouse et d’un père mexicain d’origine béarnaise, il ne pouvait être l’homme d’une seule culture. Ne se disait-il pas lui-même profondément français, tout en avouant aussitôt avoir au moins deux autres patries sentimentales et intellectuelles : l’Espagne et l’Allemagne ? Dans la vie de cet être aux multiples facettes, à la fois écrivain, poète, érudit, critique, traducteur, homme d’idées et homme d’action, inlassable humaniste, il y aura pourtant eu quelques villes emblématiques, parmi lesquelles Toulouse, qui aura une importance singulière à la fois pour l’homme et pour le poète.
C’est en avril 1941, après le démantèlement du réseau de résistants du musée de l’Homme de Paris auquel il participait depuis août 40, que Jean Cassou, passé en zone non occupée, s’installe dans la Ville rose avec sa femme et sa fille. Après un court séjour à l’hôtel des Arcades, ils emménagent au 42, allée des Demoiselles. À son arrivée dans la ville « libre », que de sentiments mêlés étreignent l’auteur des Harmonies viennoises ! Bien sûr, il y a le plaisir, pour lui et les siens, de ne plus devoir subir le couvre-feu, et d’échapper au danger omniprésent qu’ils ont connu à Paris. Mais aussi un profond dégoût, face à « cette hallucinante multiplication des têtes maréchalines, ces fières affiches appelant les Français à s’engager dans la Légion ou à travailler comme volontaires dans les usines allemandes, ces infatigables saluts au drapeau[i] » qu’il découvre à Toulouse…
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Extrait de l’ouvrage : Balade en Midi-Pyrénées, sur les pas des écrivains (c) Alexandrines, mai 2011