Eugène Viala à Salles-Curan et Rodez

SALLES-CURAN, RODEZ

Eugène Viala, peintre et poète aveyronnais
par Serge Bories
(extrait)

Ce haut plateau du Lévezou, entre Rodez au nord et Millau au sud, près du lac de Pareloup, vit naître le poète, peintre et aquafortiste Eugène Viala (1859).

L’artiste nous dit de multiples façons ce pays qu’il vénère : à l’encre de sa plume, aux couleurs de sa palette et de la pointe effilée de ses burins mordant la plaque de cuivre de ses futures estampes. Il laisse à la postérité, outre une importante œuvre graphique et picturale, plusieurs ouvrages de pure poésie.

Dans un roman intitulé À travers le Vieux Rouergue, s’adressant à un compagnon imaginaire, Viala évoque son pays :

« D’abord, je te dirai que le pays que nous allons fouler de nos semelles parisiaques ne possède en fait de journaux que le grand livre de la nature… Vois-tu cette lande couverte de bruyère et pavoisée par endroits de hautes fougères qui s’épouvantent et se couchent sous le vent ? Vois ces genêts qui se démènent comme des démons au pied de ces blocs impassibles de granit-schiste qui surgissent, par-ci par-là, en taches grises. Est-ce beau ? Et là-bas, une colline toute noire qu’effleurent les nuages, c’est magnifique, n’est-ce pas ?… Ah ! pays de l’air, de l’eau et des bois ; pays de la liberté…»

Et pourtant, si Eugène Viala ne s’éloigna jamais tout à fait de Salles-Curan où il revint toujours, sa vie le conduisit, adolescent, à Rodez où il fit ses études, habité qu’il était par un profond désir de liberté et impatient de se livrer tout entier à son art. Sa nostalgie s’exprime dans ce poème où il évoque une croix celte appelée le « menhir » :

« Un jour de mon adolescence, je le vis rougi par un soleil mourant de septembre, au retour d’une chasse avec mes oncles, et je le trouvais si beau d’ensanglantement sur les lignes simples du plateau que, la captivité universitaire étant venue, dans les mornes salles d’étude du lycée de Rodez, j’en élaborais des gouaches tragiques avec du bleu, du rouge et du jaune que m’apportait un externe de chez un marchand voisin. Le proviseur me happa ce chef-d’œuvre et me menaça d’ostracisme. Je n’en continuai pas moins, sous la cloche de mon pupitre, la mise en relief des beautés du terroir. »

[…]

Extrait de l’ouvrage : Balade en Midi-Pyrénées, sur les pas des écrivains (c) Alexandrines, mars 2011.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *