SAINT-TROPEZ
Colette et le Midi sévère
par Françoise Giraudet
(extrait)
Le Mourillon
Les attaches de Colette, Bourguignonne de Saint-Sauveur-en-Puisaye, avec le « Midi sévère », viennent de son père, Jules Colette, né en 1829, au Mourillon, véritable village enclavé dans Toulon. Blessé à la bataille de Melegnano, Jules Colette, doit être amputé. Mis à la retraite, il devient percepteur dans l’Yonne où il épouse Sidonie Landoy. Dans Sido, Colette fait un beau portrait du « Capitaine », « ce Méridional, tout blanc dans sa peau de satin » qui, instruit et discret, lui construisait des « maisons de hannetons » et l’initiait à la connaissance des vins en lui donnant à goûter, dès l’âge de trois ans, « un vin mordoré, envoyé de son Midi natal : le muscat de Frontignan ».
En tournée
Avec son mari Henry Gauthier-Villars, dit Willy, Colette quitte la Bourgogne pour Paris. Écrivain, elle est aussi comédienne et, dès 1909, les Tournées Baret la conduisent à plusieurs reprises à Toulon. Fêtée, elle est sensible au succès : « […] salle comble, pas une place de libre, public enthousiaste, pluie de bouquets à la fin et cris de Vive Colette ! ».
Elle revient sur la côte en 1910 et 1912 pour jouer à Fréjus, Brignoles et Saint-Raphaël. Elle écrit : « Nous voici à Saint-Raphaël, hôtel Beaurivage, (le bien nommé, avec ses terrasses blanches sur la mer). Nous avons passé par Fréjus et suivi une route enchanteresse à travers l’Esterel tout en pins, en lauriers du Portugal fleuris, en genêts et en violettes, et par un temps tout bleu » puis ajoute : « C’est qu’on mange ici de divines brouillades aux truffes fraîches et des écrevisses et des grives, – je ne devrais pas t’étaler cruellement ce menu sous les yeux ! ».
[…]
Extrait de l’ouvrage : Balade dans le Var, sur les pas des écrivains(c) Alexandrines, février 2010.