CAMARET-SUR-MER
Saint-Pol-Roux, le barde de Camaret
par Pascal Rannou
Quiconque se promène aujourd’hui au bout de la pointe de Camaret découvre les ruines étranges d’un manoir dont les fières tourelles dressent encore leurs pans… Familiers aux habitants, ces vestiges sont ceux du manoir où le poète Saint-Pol-Roux vécut de 1905 à sa mort tragique, survenue en 1940 : le 23 juin, un soldat allemand ivre tua la servante de la famille, qui voulait protéger Divine, fille du poète ; puis il viola celle-ci et assomma Saint-Pol-Roux. Revenu de l’hôpital, ce dernier constate que le manoir avait été vandalisé et tous ses papiers détruits ou dispersés. Il meurt de chagrin le 18 octobre.
Le sort s’acharne sur sa mémoire : en août 1944, l’aviation alliée pilonne et détruit le manoir.
Les plus anciens habitants de Camaret se souviennent encore du vieux barde qui prit racine chez eux. Rien ne l’y destinait pourtant. Paul-Pierre Roux naquit, en effet, le 15 janvier 1861 à Saint-Henry, près de Marseille. Il gagna Paris en 1882 afin d’y faire son droit, et fréquenta les milieux symbolistes. Il écrivit, en signant de son nom ou son pseudonyme, qu’il adopte en 1885, plusieurs essais poétiques et théâtraux. Saint-Pol-Roux ajoutera à son pseudonyme la qualification de « magnifique ». Plus que de la vanité, il faut y voir une conviction, venue d’Hugo et de Rimbaud, que le poète est un mage qui doit guider l’humanité dans sa marche vers la lumière.
Il épouse Amélie Bélorgey en 1891. Elle lui donnera quatre enfants, dont les prénoms : Coecilian, Lorédan, Magnus et Divine, valent d’être rappelés.
[…]
Extrait de La Bretagne sud des écrivains, Alexandrines, 2014.