Jacques Prévert et les Alpes-Maritimes : un amour tardif
par Danièle Gasiglia-Laster
À la mer Méditerranée ce fils de Breton qui aimait le mouvement des marées a longtemps préféré « celle qui remue comme une forêt », l’océan Atlantique. Puis les mouvements de la vie l’ont amené à apprécier une mer plus paisible.
En juin 1940, Jacques Prévert quitte Paris occupé. Il s’installe un moment à Cannes, à l’Hôtel de Castille, boulevard des Italiens. Le cinéaste Pierre Billon, dont il fait alors la connaissance, lui propose d’écrire l’adaptation d’une nouvelle de Pierre Galante, Le soleil a toujours raison. La réputation de Jacques Prévert en tant que scénariste-dialoguiste n’est plus à faire, ce qui va lui permettre d’assurer sa subsistance sans difficultés et de venir en aide à Kosma et à Trauner qui l’ont suivi. Mais la menace qui pèse sur le musicien et le décorateur s’aggrave encore à partir de juin 1942, une loi de Vichy interdisant à ceux qui sont considérés comme juifs d’exercer un emploi. Jacques Prévert les fait participer clandestinement aux films pour lesquels il est sollicité. Il vit quelque temps à l’Hôtel la Résidence de Saint-Paul de Vence contigu à l’auberge de Paul Roux, la Colombe d’Or, mais il conseille à Kosma et à Trauner Tourrettes-sur-Loup, village plus écarté, où il les rejoindra de temps en temps pour travailler…
Extrait de l’ouvrage : Balade à Nice, sur les pas des écrivains (c) Alexandrines, avril 2012