SAINT-NAZAIRE
Louis Oury, écrivain atypique,
par Michèle Maillard
(extrait)
Louis Oury, né en 1933 à Maumusson, appartient aux couches populaires ligériennes. N’ayant jamais vu lire ou écrire ses grands-parents métayers, fils de journalier agricole, c’est grâce à son insatiable curiosité, à son infatigable ténacité, qu’il devint l’écrivain que l’on connaît.
Son enfance rurale à Freigné (Maine-et-Loire) fut pétrie dans la terre des sillons quand au loin les bombardements des villes éclairaient l’horizon, et sa conscience fut fortement marquée en 1941, quand son instituteur fut arrêté dans sa salle de classe et que les Allemands fusillèrent Guy Môquet et vingt-six autres otages à deux kilomètres du pré où il gardait les vaches, pour qu’il écrive, des années plus tard, Les Années noires, témoignage social et historique de la Seconde Guerre mondiale dans cette région.
Il quitta l’école communale à l’âge de 13 ans et 9 mois, muni du certificat d’études, puis entra, trois mois plus tard, interne soumis aux restrictions alimentaires, dans l’un des centres d’apprentissage récemment créés destinés à relever la France de ses ruines. Il en sortit en 1950, titulaire d’un CAP de chaudronnier et entra dans la vie active quand les congés payés annuels étaient de deux semaines et l’horaire hebdomadaire de travail de soixante heures ou plus.
Dès cette époque, il commença à assouvir sa passion de nouvelles connaissances, en découvrant la littérature française, et il mit au service de la vie quotidienne sa deuxième passion : le cyclisme. Son endurance lui permettait de venir de Freigné à Saint-Nazaire, lorsqu’il travailla aux chantiers navals, mais aussi d’aller voir sa fiancée à Nantes. Il fut même pigiste sportif ! S’il ne fait plus de courses à l’heure actuelle, rares sont les dimanches où il ne va pas encourager son petit-fils, coureur amateur.
Il fut ouvrier chaudronnier aux chantiers de Saint-Nazaire et obtint, grâce à des cours par correspondance, un CAP de dessinateur industriel. Il postula à une licence de Thermique industrielle à Lyon mais ne put suivre cette formation pour des raisons familiales. Sa fiancée était devenue son épouse, et deux enfants étaient déjà nés.
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