Stevenson à Saint-Jean-du-Gard

Saint-Jean-du-Gard

 

Robert-Louis Stevenson, écrivain gardois par chagrin d’amour,
par Francis Lacassin
(extrait)

 

 

En septembre 1878, le futur auteur de l’Île au trésor effectuait le voyage le plus original jamais accompli par un écrivain. La traversée, en douze jours et à pied, des Cévennes, du Monastier (Haute-Loire) à Saint-Jean-du-Gard.

Dormant sous les mêmes étoiles qui éclairaient la guerre nocturne des camisards ; attiré par la voix lointaine d’une flûte ; emporté par les ombres qui valsent en mesure à l’appel du vent ; se lavant dans l’eau courante des rivières ; amical envers les moines de Notre-Dame-des-Neiges ou avec les dissidents protestants, Robert-Louis Stevenson découvre la magie des rencontres, la complicité des paysages, l’ivresse de la liberté. Dans une approche sensuelle et poétique de la nature, il trouve toutes les raisons de croire en l’amour qui va transcender son existence. Une longue marche sur le chemin des bergers inspire, de tous ses livres, le plus confiant en la vie : le Voyage avec un âne dans les Cévennes. Avec, et non sur le dos d’un âne : une ironie prometteuse de conflits savoureux.

La France, Robert-Louis Stevenson la connaît depuis l’âge de treize ans, grâce à de longs séjours effectués jusqu’en 1886 : à la veille du voyage sans retour en Océanie. Il maîtrise sa langue, admire sa culture, son mode de vie, ses écrivains (de François Villon et Charles d’Orléans à Alexandre Dumas et Jules Verne, en passant par Montaigne, George Sand, Victor Hugo, Baudelaire). Il est aussi fasciné par ses peintres, il aime à se mêler à leurs colonies établies dans les auberges de la forêt de Fontainebleau.

Dans l’une d’elles, à Gretz, il tombe amoureux d’une artiste américaine, Fanny Van De Grift. Mère de deux enfants, elle est séparée de son époux, un sieur Osbourne. Bien des obstacles s’opposent à l’accomplissement de leur amour. Et d’abord l’absence. Fanny retourne en Californie pour tenter d’obtenir un divorce que son mari refusait. Même si elle y réussit, le plus dur reste à faire. Par conviction religieuse, les parents de Stevenson n’acceptent pas le mariage de leur fils avec une divorcée. Dans cette atmosphère d’incertitude, d’angoisse, de désespérance, il ne se sent plus à l’aise parmi ses amis peintres de Gretz ; leur joie de vivre l’écorche à vif. Il se réfugie pendant un mois dans un village de la Haute-Loire, à quarante kilomètres du Puy-en-Velay.

[…]

 

Extrait de l’ouvrage : Balade dans le Gard, sur les pas des écrivains (c) Alexandrines, mai 2008

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *