LA RICHE, COUTURE-SUR-LOIR
Pierre de Ronsard : vœu de poésie
par Vincent Guidault
« … J’ajoute que je lis un peu de Ronsard, de mon grand et beau Ronsard pour lequel je ne suis pas le seul qui nourrisse une religion particulière. Tu ne t’imagines pas quel poète c’est que Ronsard. Quel poète ! Quelles ailes ! C’est plus grand que Virgile, et ça vaut du Goethe… ». Ces mots de Flaubert soulignent à quel point l’image vivace de Ronsard est celle d’un tempérament éminemment poétique, celle d’un artiste voué corps et âme à la poésie. Lui qui écrivit en invoquant sa muse « à l’heure du trépas, tout Ronsard n’ira pas, restant de lui la part qui est la meilleure », aurait goûté l’accueil de son œuvre par la postérité à condition de ne pas la réduire à cette ode que des générations d’écoliers ont entonnée: « Mignonne, allons voir si la rose… ». Qui se souvient que sa poésie est imprégnée du climat contrasté de ce 16ème siècle, marqué par le retour à l’âge d’or éclipsé par le trouble des guerres de religion et qu’il s’est autant préoccupé de l’avenir du royaume que de ses inspiratrices qui lui fournissent l’alibi d’un nouveau genre poétique ou d’un nouveau ton ? Cassandre, Marie, ou Hélène correspondent chacune à une inspiration, un cadre.
Paradoxe encore quand – sans prononcer ses vœux ecclésiastiques – celui que ses pairs nommeront Prince des poètes reçoit à 19 ans la tonsure des jeunes clercs, devient plus tard l’un des aumôniers du roi Charles IX, est commendataire de plusieurs établissements religieux partagés entre son Vendômois natal, la Touraine, l’Anjou et la Sarthe et fait le choix de reposer en son cher prieuré de Saint-Cosme près de Tours dans lequel il s’éteint le 28 décembre 1585…
Extrait de l’ouvrage : Balade en région Centre, sur les pas des écrivains (c) Alexandrines, 2013.