PAMPELONNE
Lucien Fabre ou la tentation des limites
par Christine Gallardo
(extrait)
Le mystère ne fait pas toujours son nid où on l’attend.
Qu’une de ces délicieuses errances auxquelles invite un dimanche d’automne où résonne dans l’âme, comme une corne de brume, un vague mais impérieux appel de la nature, et vous voilà livré sans défense au déferlement des émotions romantiques. A fortiori si, ayant longtemps longé les gorges du Viaur, puis hardiment gravi le promontoire rocheux couronné des ruines orgueilleuses du château de Thuriès, vous vous laissez fasciner par la vision de l’abîme où s’enchâsse la pupille vitreuse de la rivière.
À moins d’un kilomètre de là, somnole Pampelonne, paisible bourgade qui n’exhibe pas en sautoir son glorieux passé de bastide royale fondée au xiiie siècle par Eustache de Beaumarchais, en souvenir de son gouvernement de la célèbre Pampelune. L’une des maisons, fermée, sans caractère particulier, signale pourtant d’une plaque commémorative la naissance d’un personnage dont elle semble s’enorgueillir : Lucien Fabre (1889-1952)… Ainsi, au cœur d’un village moribond, une placette affligeante de banalité prétendrait-elle avoir enfanté un homme au destin hors du commun ?
Intrigué, vous avez interrogé les notices biographiques, découvrant qu’il fut à la fois homme de sciences (ingénieur, inventeur, créateur et administrateur d’usines, et surtout, le premier à avoir fait connaître en France la théorie de la relativité d’Einstein), romancier (Rabevel, Le Paradis des Amants, On vous interrogera sur l’amour…), poète (Connaissance de la Déesse, Vanikoro), essayiste, philosophe, dramaturge, historien… Et remarquable dans chaque discipline (prix Goncourt, deux Grands Prix de l’Académie française…) !
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Extrait de l’ouvrage : Balade en Midi-Pyrénées, sur les pas des écrivains (c) Alexandrines, mars 2011.