Louis Nucera, l’éclaireur de Nice
par Bernard Morlino
On ne peut pas parler de Nucéra sans évoquer sa passion pour Nice. Quand toute la presse nationale massacrait les années Jacques Médecin, il se redressait pour clamer la beauté de sa ville natale. À ce moment-là, il était seul contre tous, combattant les clichés de la « salade niçoise », du « carnaval » et « de la baie des Anges pleine de requins ». Réduit-on Cambrai à des bêtises ? Quand on taxait Nice de cité de vieillards grabataires, de maffieux recyclés en notables, de politiciens véreux, de ramassis de racistes invétérés, Louis Nucéra ripostait par les preuves historiques de l’hospitalité légendaire des Niçois qui se sont intégrés parfaitement dans la République – sans plus jamais réclamer leur indépendance depuis 1860 – et pour enfoncer le clou, il dégainait sa liste magique des amoureux de Nissa la Bella.
Aux ignares de la capitale, il rappelait que Nice fut aimée par Nietzsche, Tchekhov, Matisse, Jules Romains, Colette, Maeterlinck, Berlioz… Chaque fois qu’il parlait de Nice, Louis Nucéra soulignait sa capacité d’intégration sans perdre son identité, basée sur sa légendaire cuisine – des pays n’ont pas autant de recettes différentes ! – et sur sa langue (et non pas un dialecte). Est-ce que Marcel Pagnol serait devenu aussi célèbre s’il avait écrit son œuvre en provençal comme Francis Gag a écrit la sienne en nissart ? Louis Nucéra a passé sa vie à vanter les charmes du Vieux Nice dont il connaissait la moindre ruelle ombragée. Dans les années 1950, il a vécu intensément l’hégémonie de l’OGC Nice qui dominait le football français à une époque où les trophées européens n’existaient pas. Pas touche au patrimoine de Nissa la Bella !
Extrait de l’ouvrage : Balade à Nice, sur les pas des écrivains (c) Alexandrines, avril 2012