Exil aux couleurs vives : Patrick Modiano dans les Alpes-Maritimes
par Paul Gellings
Tout en étant profondément parisien, tant dans sa vie personnelle que dans son univers romanesque, Patrick Modiano a souvent séjourné sur la Côte d’Azur. Plusieurs de ses romans en portent témoignage à travers des références topographiques bien précises, doublées d’une ambiance indéniablement méditerranéenne. Dans Voyage de noces, il évoque les lauriers-roses de l’avenue Saramartel à Juan-les-Pins et il n’a pas manqué de capter l’essentiel de ces lieux que l’on devine on ne peut plus emblématiques pour lui.
En effet, les Alpes-Maritimes telles qu’elles apparaissent sous sa plume constituent systématiquement une utopie personnelle de refuge et de répit. Prenons Ingrid et Rigaud, les protagonistes de Voyage de noces. Ils ont fui le Paris de l’Occupation et sont descendus au grand hôtel Le Provençal à Juan-les-Pins, où ils jouent les jeunes mariés. Rappelons aussi le narrateur du même livre, vivant, une vingtaine d’années plus tard, un bonheur furtif dans les Alpes-Maritimes : « C’était Cavanaugh qui m’avait entraîné à Juan-les-Pins à cause d’un festival de jazz. […] Nous ne vivions que la nuit. […] Les orchestres jouaient dans la pinède et, le même été, j’ai fait la connaissance d’Annette. En ce temps-là, je crois que j’étais heureux. »…
Extrait de l’ouvrage : Balade à Nice, sur les pas des écrivains (c) Alexandrines, avril 2012