GASTON LEROUX DANS L’AZUR DE LA BAIE DES ANGES
par Jean-Claude Lamy
Peut-on travailler sur la Riviera ? C’est la question qui fut posée à Gaston Leroux quand il s’installa à Nice en 1909. Sa réponse parue dans la Revue des lettres et des arts en fait un écrivain du soleil qui n’aimait guère le farniente. Il ne transpirait que sur ses romans feuilletons ou au casino devant le tapis d’une table de jeu.
« Je ne suis heureux de travailler que dans la lumière du jour – le travail de nuit a toujours été pour moi un abominable supplice – et comme il n’est point au monde de plus belle lumière que la vôtre, je travaille chez vous avec délice. Mes plus sombres imaginations, et je vous prie de croire qu’il y en aura quelques-unes dans Le Fantôme de l’Opéra qui est en train de venir au monde, sont nées des plus beaux rayons de soleil. C’est à Gavaran que le génie divinatoire de Joseph Rouletabille s’est donné libre carrière l’an dernier, en face du mystère des Roches Rouges, cependant que l’air était tout embaumé du Parfum de la Dame en noir et de la bouillabaisse que nous préparaient les frères Abbo. Que Le Lys a commencé de fleurir sur sa tige, entre deux pierres du cap d’Ail. Enfin, dans ce pays où tant de travailleurs viennent s’amuser, moi je m’amuse à travailler – s’il fait beau. »
Extrait de l’ouvrage : Balade à Nice, sur les pas des écrivains (c) Alexandrines, avril 2012