Francis Gag, pour que vive longtemps le niçois,
par Jean-Marc Giaume
Parler, écrire, jouer niçois, à une époque où l’on mesure le quotidien à l’échelle mondiale… on pourrait croire à de la provocation. Ā moins que ce ne soit le fait d’un esprit éclairé qui devança le goût prononcé que l’on porte aujourd’hui pour les langues régionales ?
Peu d’œuvres sont aussi étroitement liées à Nice comme celle de Francis Gag. De son vrai nom Francis Gagliolo (1900-1988), ses parents sont d’origine piémontaise, et c’est par la langue niçoise qu’ils parviendront à trouver du travail et s’installer à Nice. C’est grâce à ce parler nissart qu’ils seront intégrés à la France ; et le jeune Francis en sera profondément marqué.
Son immense popularité, l’amour que lui ont voué les Niçois, il les doit certes à une œuvre littéraire et théâtrale formidable, mais également à ses rendez-vous réguliers sur les ondes pendant plus de trente ans. Dès 1922, il écrit sa première pièce de théâtre Lou sartre matafiéu. En 1936, il fonde sa propre troupe, le Théâtre niçois de Francis Gag, qui offre au public des pièces dont certaines sont considérées comme des chefs-d’œuvre de la littérature d’Oc. Il jouera notamment La pignata d’or et Lou vin dei padre en 1937.
On connaît moins l’initiative du soldat Gag qui organisait un théâtre aux armées pendant la drôle de guerre et distrayait ses camarades du secteur fortifié des Alpes-Maritimes en donnant la vie à un personnage qui deviendra mythique pour les Niçois, un personnage ordinaire, drôle et identifiable par tous : Tanta Vitourina. Ce personnage de commère réussissait la synthèse des anciennes « bugadières », ces lavandières niçoises qui n’avaient pas leur langue dans leur poche, des marchandes du vieux Nice et de leurs clientes « pastrouillères ».
Extrait de l’ouvrage : Balade à Nice, sur les pas des écrivains (c) Alexandrines, avril 2012