NANTES
Marcel Schwob, arpenteur des coins d’humanité excentrique,
par Patrice Allain
(extrait)
En juin 1876, George Schwob, qui vient d’abandonner la direction du Républicain d’Indre-et-Loire, achète le Phare de la Loire aux frères Mangin. La famille quitte alors la cité tourangelle pour Nantes. Sous la férule de George Schwob, le Phare de la Loire, jadis modeste, va rapidement se transformer en l’un des plus importants journaux de Loire-Inférieure. Fait peu fréquent à l’époque, le quotidien se diffuse même jusqu’à Paris. Au décès de George Schwob, son fils Maurice lui succède, prenant en août 1892 la direction de l’entreprise paternelle, tandis que l’aîné Marcel, bien qu’initialement pressenti pour ce projet, rejoint les cénacles littéraires parisiens du symbolisme « fin-de-siècle ». Il conserve toutefois une tribune régulière dans le quotidien familial.
Le Phare fut l’instrument privilégié qui permit à Marcel Schwob d’assouvir un désir d’écriture reconnu et encouragé très tôt par la famille. L’attachement des Schwob au monde des lettres remonte en effet au milieu du xixe siècle. Étudiant, George Schwob a fréquenté le Paris littéraire ; il fut lié à Théophile Gautier et collabora au Corsaire-Satan où s’illustra Baudelaire. En 1849, il participa même à la rédaction d’Abd’allah, vaudeville en deux actes, œuvre de jeunesse de Jules Verne. Et quand, à l’âge de onze ans, Marcel publie dans le journal paternel son premier article, rien d’étonnant à ce qu’il s’agisse d’une note de lecture rédigée à propos d’Un capitaine de quinze ans de son compatriote Jules Verne.
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Extrait de l’ouvrage : Balade en Loire-Atlantique, sur les pas des écrivains (c) Alexandrines, février 2009