Jules Verne à Nantes

NANTES

Jules Verne, l’océan plein la tête,
par Agnès Marcetteau-Paul
(extrait)

On peut, à Nantes, mettre ses pas dans ceux de Jules Verne. À la rencontre du « mouvement maritime d’une grande ville de commerce, point de départ et d’arrivée de nombreux voyages au long cours », qui fut la toile de fond de ses premiers rêves, avant de devenir le paysage immuable et changeant de son inspiration. À la rencontre de l’écrivain, successivement enfant rêveur, jeune homme ardent, artiste en quête de son œuvre…

Il naît le 8 février 1828 au cœur de l’île Feydeau, au confluent de la Loire et de l’Erdre où il passe toute sa petite enfance : « L’inventeur de tant d’îles mystérieuses […] ouvrit les yeux […] dans l’étroite cité fluviale, née entre deux bras de la Loire nantaise, du caprice des planteurs de Saint-Domingue. » (source ?)

Et lorsque la famille déménage rue Jean-Jacques Rousseau, elle ne s’éloigne du fleuve que pour se rapprocher du port où les lourds bâtiments à voile de la marine marchande sont « à quai sur deux ou trois rangs » : « la planche tremblotante » qui mène aux vaisseaux est une promesse de voyage que le jeune Jules « brûle de traverser » ; les odeurs qui se dégagent des cales, « ces odeurs fortes où l’âcre émanation du goudron se mélange au parfum des épices », et sur le pont, ces « senteurs marines qui lui font comme une atmosphère d’Océan » lui montent à la tête.

Aux beaux jours, on s’installe à Chantenay, aux portes de Nantes « sur un coteau qui domine la rive droite de la Loire ». Cinquante ans plus tard, l’écrivain s’en souvient comme si c’était hier : « De ma chambrette, je voyais le fleuve se dérouler sur une étendue de deux à trois lieues […]. L’œil à l’oculaire d’un petit télescope, j’observais le virement des navires, larguant leurs focs et bordant leurs brigantines, changer derrière puis changer devant. » Sa passion pour la navigation est d’autant plus vive que pendant longtemps elle reste un rêve inaccessible. À douze ans, il n’a toujours pas vu « la vraie mer » ; il en est encore à s’embarquer « par la pensée à bord des sardinières, des chaloupes de pêche, des bricks, goélettes et trois-mâts » et doit se contenter longtemps de faire naufrage et de jouer au Robinson sur les îles de Loire, à bord de barques de louage à un franc la journée. Aussi l’émotion est-elle grande quand, descendant la Loire à bord du pyroscaphe n° 2, il découvre à Saint-Nazaire « la vaste baie qui s’ouvre sur l’Océan entre les extrêmes pointes du fleuve ».

[…]

 

Extrait de l’ouvrage : Balade en Loire-Atlantique, sur les pas des écrivains (c) Alexandrines, février 2009

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