NANTES
Marc Elder, le Goncourt oublié,
par Thierry Glon
(extrait)
Pour les Nantais, Marc Elder (1884-1933, de son vrai nom Marcel Tendron) évoque une petite place à l’entrée du château des Ducs où aujourd’hui la statue d’Anne de Bretagne se hâte immobilement. Marc Elder fut en effet le premier conservateur du château après que l’Armée l’eut confié à la Ville en 1920. De 1924 jusqu’à sa mort, il assura cette tâche qu’il devait à son rôle dans la vie culturelle nantaise à partir de 1919 : avant sa charge de conservateur, il fut archiviste du théâtre Graslin et il supervisa l’achat des collections du musée des Beaux-Arts (c’est grâce à son amitié que Claude Monet offrit au musée une toile de la série des Nymphéas en 1922).
Dans l’histoire littéraire, Marc Elder a le douteux privilège d’avoir remporté contre Le Grand Meaulnes, d’Alain-Fournier, le prix Goncourt de 1913 avec son roman Le Peuple de la mer. Or, si cette œuvre est loin d’égaler la troublante beauté du Grand Meaulnes, Marc Elder n’en fut pas moins un écrivain de talent qui eut la biographie typique des auteurs régionalistes du début du xxe siècle. En 1904, il « monta » à la capitale pour faire carrière dans la littérature, soutenu par un réseau de Nantais installés à Paris : il rencontra à la fois des hommes de lettres et des peintres impressionnistes – Romain Rolland, Octave Mirbeau, Paul Fort et Claude Monet. Il puisa à la source de revenus des écrivains de la Belle époque, publiant à un rythme effréné dans les journaux des centaines de contes et de nouvelles. Le succès arriva en 1913, avec sa quatrième œuvre de fiction, Le Peuple de la mer, immédiatement suivi par une cabale qui l’accusa injustement de plagiat.
[…]
Extrait de l’ouvrage : Balade en Loire-Atlantique, sur les pas des écrivains (c) Alexandrines, février 2009