MONTSÉGUR
Georges Rouhet, le Don Quichotte de la vallée du Dropt,
par Jean-Yves Marniesse
(extrait)
Georges Rouhet a sans doute été une figure de Monségur, mais une figure qui manquait de style ! Pour preuve, ses poésies un peu fumeuses. Médecin d’un autre temps, à l’allure de grand bourgeois du xixe siècle, personnage fantasque, véritable athlète, Georges Rouhet avait pris l’habitude de tremper sa plume de poète amateur et rural dans la vase des bords du Dropt, sa rivière chérie.
Né dans le Monségurais à Roquebrune en 1854, Georges Rouhet se destine à la médecine. Après avoir terminé ses études à Paris, il s’établit sur la propriété de ses ancêtres à Taillecavat, village du canton de Monségur :
« À Paris même, au milieu du mouvement et du bruit, des distractions les plus bruyantes d’étudiants ou dans le silence de l’étude, je pensais souvent à ces arbres majestueux, et de loin en imagination, je suivais quelques rêves philosophiques en regardant couler l’eau du petit fleuve qui baigne leurs racines et en entendant chanter les oiseaux. »
À ses heures pas si perdues que ça, le médecin de campagne écrit des romans, des poésies et des essais. Dans La jungle des civilisés (un oxymore malicieux), il dresse un portrait au vitriol de ses contemporains, habitants et patients de la vallée du Dropt. Il fustige les mœurs de ses contemporains, il dénonce en vrac l’éducation calamiteuse des enfants, la sous-alimentation, les ivrognes dans les cabarets, l’hygiène, les sorciers, les rebouteux et une certaine forme de pêche à laquelle les riverains du Dropt se livrent :
« On cultivait beaucoup le chanvre dans la contrée, et l’opération du rouissage était dans le cours d’eau. Celui-ci ne tardait pas à être complètement empoisonné par les détritus de toutes sortes provenant de la macération de la plante. On prenait le poisson à moitié asphyxié, souvent avec la main, ce qui loin d’être alors un sport plein de ruse et de finesse, ressemblait plutôt à une cueillette de comestible…
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