MONTAUBAN
Émile Pouvillon
Vivre et écrire en Quercy
par Claude Sicard
(extrait)
« Un provincialiste résidant, un homme de lettres travaillant de son état à Montauban en Quercy… », ainsi se définissait Pouvillon[i] le 22 juin 1902, lors de la Fête annuelle du Félibrige de Paris. Et d’ajouter : « Ce n’est pas pour leur beauté seulement, mais encore et surtout pour l’effet qu’elles ont eu sur ma sensibilité que j’admire telle ligne de l’horizon montalbanais, telle courbe d’une colline dressée en promontoire sur nos plaines. À chaque tournant, à chaque angle du paysage, je dois un enseignement ou un plaisir. »
Émouvant aveu de gratitude, alors qu’Émile Pouvillon est quasiment parvenu au terme de sa carrière (il mourra prématurément quatre ans plus tard) et que presque toutes ses œuvres ont été publiées, depuis ses Nouvelles réalistes en 1878, jusqu’au Vœu d’être chaste en 1900. Seuls paraîtront encore de son vivant Jep, en 1904, et Petites gens en 1905. Au total, quelque seize titres, des contes, des nouvelles, des romans surtout, dont il n’est pas exagéré d’affirmer qu’ils sont presque tous enracinés dans le terroir natal. Après sa mort, sa famille a rassemblé et publié sous le titre éloquent de Terre d’Oc (1908) les chroniques que l’écrivain avait données à La Dépêche du Midi, et son fils Pierre a assuré en 1928 la publication du roman inachevé Le Maître d’Aubrelon, né d’une rencontre près d’un château en ruine, sur le causse de Caylus. Car Pouvillon était un infatigable amateur de randonnées pédestres au cours desquelles, tous sens en éveil, il allait au devant du moindre ébranlement de sa sensibilité. Son goût des sites et des êtres se donnait libre cours dans ces explorations exaltantes, pourvoyeuses d’images neuves et de sentiments forts.