MENTON
Vicente Blasco–Ibanez, un jardin à Menton
par Gilles Montelatici
Voilà un écrivain qui a mené ses pas entre deux siècles, tantôt en passager à bord d’un transatlantique ou de l’Orient–Express, tantôt à cheval sur les chemins poussiéreux de la Pampa…
Fontana Rosa
En 1921, alors âgé de 54 ans, l’écrivain et républicain espagnol exilé, Vicente Blasco-Ibanez, achète un ensemble d’habitation exproprié dans le quartier tropical de Menton, à deux pas de la frontière italienne. Cette propriété avait appartenu, avant guerre, au peintre allemand Adolfe Brugière. Elle lui rappelle sa maison d’artiste de Valencia, la Malvarossa, et prendra le nom d’un des bâtiments, Fontana Rosa. « J’habite la plus tranquille des villes de la Côte d’Azur, la poétique Menton… » écrit-il dans sa nouvelle « Le Chemin de tous ».
Vicente Blasco-Ibanez s’empresse d’aménager les lieux conformément à ses attaches hispano-mauresques. Mais il néglige les fondations et fait dresser hâtivement un véritable décor de cinéma, éphémère et fragile. Le jardin dit des Romanciers suit la même inspiration et se pare de bustes, comme dans son hôtel particulier de Madrid où ses écrivains favoris veillaient sur la bibliothèque. Le jardin de Menton, rend hommage à ses chers fantômes : Dostoïevski et Cervantès, Flaubert et Zola, Victor Hugo, mais aussi Goethe, trônent parmi les douze bustes en bronze commandés au sculpteur russe Léopold Bernstamm. Vicente Blasco-Ibanez aimerait bien « les rencontrer au détour de chaque allée… Je serais leur hôte », écrit-il…
Extrait de l’ouvrage : Balade à Nice, sur les pas des écrivains (c) Alexandrines, avril 2012