Médan Maeterlinck

MÉDAN

Un entomologiste au château de Médan : Maurice Maeterlinck
par Paul GORCEIX

 

 

La vie de Maurice Maeterlinck, lauréat du prix Nobel de littérature en 1911, le seul obtenu par un écrivain belge de langue française, se présente à nous jalonnée par une forme très particulière de nomadisme qui a littéralement porté l’auteur de Pelléas et Mélisande de château en château. Parmi ses lieux de séjour en France — le Gantois y passa la plus grande partie de sa vie —, le biographe relève, entre autres grandes demeures, le presbytère de Gruchet-Saint-Siméon, loué en 1897, l’Abbaye de Saint-Wandrille où il s’installe en 1907 avec l’actrice Georgette Leblanc qui voulait faire de ce lieu un Bayreuth français, et le château de Médan, acquis en janvier 1924, dans lequel il vécut avec son épouse Renée Dahon, qui resta la propriétaire de Médan après la mort de l’écrivain à Nice le 6mai 1949.

Une coïncidence aurait-elle amené Maeterlinck à Médan? C’est plutôt un concours de circonstances favorables qui aurait décidé de son choix. Parmi celles-ci, on peut imaginer le prestigieux passé du château chargé d’histoire:Ronsard et les poètes de la Pléiade y ont vécu, Henri IV et la belle Gabrielle d’Estrées y furent accueillis; la remarquable situation du manoir proche de Paris, sis dans quinze hectares de parcs et de bois, ouvert sur la lointaine vallée de la Seine; sans compter la nostalgie de nature et le besoin de silence, qui lui étaient nécessaires pour poursuivre ses travaux littéraires et ses recherches d’entomologiste dans le calme, après les péripéties, quelque peu bruyantes pour le «taiseux», de la vie à Saint-Wandrille.

Reste la curieuse relation que le dramaturge entretint sa vie durant avec les châteaux. Comment ne pas établir de correspondances entre les grandes demeures qu’il affectionnait et le décor quasi invariable qu’il a choisi pour le plus grand nombre de ses pièces de théâtre, de La Princesse Maleine à Ariane et Barbe-Bleue ? Le château ne serait-il pas la métaphore obsédante dans laquelle auraient pris forme les rêveries ou les fantasmes enracinés au plus profond de la personnalité de l’écrivain?

Agé de soixante-deux ans lorsqu’il acheta Médan, Maeterlinck, comblé par la gloire et à la tête d’une très grande fortune, menait au château un train de vie qui n’avait rien de celui d’un grand seigneur. Le plus clair de son temps, il le passait dans son bureau du premier étage de l’ancien manoir, avec, pour seuls meubles, la table, la bibliothèque et un immense divan de cuir. Son épouse, qui était actrice — la jeune Renée Dahon avait fait partie de la distribution dans L’Oiseau bleu présenté à Paris, le 2 mars 1911 —, avait souhaité disposer d’une scène dans le château et, en 1931, le salon-théâtre fut aménagé au rez-de-chaussée de la grande aile. Quelques mois après, L’Oiseau bleu y aurait été joué par la comtesse elle-même.

[…]

 

Extrait de l’ouvrage : Balade en Yvelines, sur les pas des écrivains (c) Alexandrines, mars 2011.

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