Bossuet à Meaux

MEAUX

Bossuet, du Palais Episcopal à la maison de Germiny
par Georges ASSELINEAU
(extrait)

Né en 1627 dans une famille qui comptait des magistrats de premier rang, Jacques Bénigne Bossuet fit de bonnes études au collège des Godrans, tenu par les jésuites. Son père fut obligé de s’expatrier à Metz, Dijon étant trop envahi par la famille. Ce ne fut pas sans conséquence pour lui, car nous le trouvons à l’âge de treize ans pourvu d’un canonicat dans ce riche chapitre. Cela lui permit de continuer ses études ecclésiastiques à Paris, au collège de Navarre. Après avoir obtenu le diplôme de docteur en théologie, il retourna à Metz et là, dans le calme et le recueillement de la vie canoniale, il acquit par une ascèse laborieuse les brillantes qualités de la pensée et du style qui feront de lui un père de l’Église pour les uns, une des gloires de la France pour d’autres, et peut-être pour tous.

Doyen du chapitre, grand archidiacre de la cathédrale, il est vite remarqué et on le demande à Paris pour des prestations oratoires qu’il sut rendre aussi évangéliques. On le trouve au Louvre et à Saint-Germain, où il prêche l’avent et le carême.

En 1670, il est proposé pour le siège épiscopal de Condom. Peu de temps après, le roi le choisit comme précepteur du dauphin. C’est un des heureux couronnements de ses travaux. Cette importante fonction va durer dix ans. En 1681, Bossuet est nommé évêque de Meaux. Le diocèse ne comprend pas tout le territoire qui deviendra la Seine-et-Marne, mais seulement la moitié nord. Meaux en est la ville principale ; elle a gardé son aspect moyenâgeux, elle est le siège d’un bailliage et d’un présidial, elle possède sept paroisses et plusieurs établissements religieux. Bossuet réside dans un beau palais agrémenté d’un modeste jardin abrité par les remparts gallo-romains, à l’ombre d’une cathédrale gothique. L’ensemble de la cité épiscopale était, et est encore, un lieu remarquable et très évocateur de la vie ancienne.

La campagne environnante est agréable dans les vallées, moins pittoresques sur les plateaux. À deux lieues de Meaux, les évêques ont à leur disposition une maison de plaisance, un petit château sur les bords de la Marne. La rivière, avec ses rives boisées, en faisait un lieu reposant et plein de charme. Ce village de Germigny retenait plus souvent Bossuet que la ville proche. Il aimait à s’y reposer et à y recevoir ses amis dans la simplicité. C’est là que de toute la France on venait rendre visite au « patriarche ».

Seules les mœurs de ses contemporains et les idées retenaient son attention ou, du moins, lui semblaient dignes d’être transmises par sa plume. Nous ne trouverons pas dans ses ouvrages ce que les écrivains posté- rieurs y placeront avec complaisance ; donc pas de traités, pas de dissertations sur ce qui sera la future Seine-et-Marne. Cependant les lettres qu’il adressait ou qu’il recevait nous réservent quelques agréables et fugitives impressions qu’il voulut transmettre à ses correspondants.

L’abbé Bossuet, le neveu, est à Rome. Il suit les péripéties de l’affrontement des deux anciens amis, Bossuet et Fénelon. Dans l’abondante correspondance entre l’oncle et le neveu, il est question de l’affaire du quiétisme, mais on y trouve, aussi bien que de savantes réflexions, de très banales et délicieuses observations.

[…]

 

Extrait de l’ouvrage La Seine-et-Marne des écrivains (c) Alexandrines,2015.

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