SAINT-DENIS-DE-L’HÔTEL
Maurice Genevoix et le Val de Loire
par Sylvie Genevoix
Je me demande parfois ce que penserait mon père, si une baguette magique le faisait revenir sur terre aujourd’hui, trente ans après sa disparition, de tout ce qu’il verrait autour de lui. Je m’imagine sillonnant avec lui les routes, des chemins qui autrefois nous étaient familiers, et je me demande ce qu’il dirait de ces champs maintenant hérissés d’éoliennes, de ces espaces boisés et riants devenus « zones pavillonnaires » peuplés de maison en tous points identiques les unes aux autres, de ces villages à demi détruits par des sens interdits, des déviations, des ronds points innombrables, de ces villes aux faubourgs défigurés par les grandes surfaces. Il ne faut pas méconnaitre ni renier le progrès, qui fait souvent de grandes choses, mais se garder de ses excès, de ses laideurs qui sont trop souvent « un blasphème » voire « comme des crachats sur un beau visage de femme ». C’est mon père qui employait cette expression, lui qui, il y a près d’un demi-siècle, dénonçait déjà tous ces apprentis sorciers qui font si mal évoluer le monde.
Né à Decize « petite ville en Loire assise » à trente cinq kilomètres en amont de Nevers, à la toute fin de l’avant-dernier siècle, il quitta cette petite île de la Loire à l’âge d’un an, mais déjà tout imprégné de la poésie, de la beauté des eaux vives de la Loire, de son ciel sans cesse changeant, de sa pureté et de son bonheur de vivre…
Extrait de l’ouvrage : Balade en région Centre, sur les pas des écrivains (c) Alexandrines, 2013.