MARSEILLE
Jean-Max Tixier, signes et pistes
par Alain Gérard
Pour Monique
POUR COMMENCER : VERSANTS, PAS, MARGES.
L’équation est loin d’être simple, tant l’œuvre de Jean-Max Tixier présente de facettes. À nous de voir donc, de voir au plus juste et de voir ce que l’on veut voir. Si l’on se contente d’en considérer seulement le versant poétique, et poète il se voulait avant tout ( la poésie est mon épine dorsale ), il y a peu de chance qu’au premier coup d’œil, je dis bien au premier coup d’œil, on y retrouve des éléments se rapportant clairement aux Bouches-du-Rhône, à la Camargue ou même à Marseille. Alors ?
Alors pour aborder ces espaces qui sont aussi les siens, il faut être attentif, le suivre à la trace, nos pas dans ceux qu’il a esquissés et savoir déplacer aussi notre regard à la marge de sa poésie, vers les ouvrages si divers, si nombreux qu’il a publiés (contes, nouvelles, articles) et s’attarder encore sur ses romans, un genre auquel il s’était mis sur le tard, toute une littérature qu’il qualifiait, selon l’humeur du moment, je ne fais que transcrire ses propos : « d’alimentaire », de « mineure », de « marginale » ; de marginale en fait, mais qui, quoi qu’il en soit, est là et bien là et que lui, le « polygraphe », le lauréat du prix Mallarmé 2009 (l’équivalent du prix Goncourt dans le monde de la poésie) n’a jamais reniée. Assumer, il l’a fait.
POUR POURSUIVRE
C’est comme un cercle, une ligne qui se referme sur elle-même, autour d’un lieu, le centre, là où tout commence et où tout finit : Marseille. Jean-Max y est né dans le quartier de « La Pointe Rouge », où les noms de rues sont comme une invitation au voyage, si ce n’est à la rêverie : « Boulevard Neptune », « Impasse des Régates », « Avenue d’Outre-mer ». L’imaginaire à portée de la main. Il voit le jour « à la maison » comme on disait à l’époque, pas dans une clinique ni à la maternité, « à la maison », le 13 février 1935. Soixante-quatorze ans plus tard, la boucle, puisque boucle il y a, est bouclée. Bien qu’ayant rendu l’âme à Hyères, et « rendre l’âme » comme il l’a écrit dans son dernier ouvrage La parabole des nuées, « qu’est-ce sinon libérer le nuage qui est en soi ? Rendre son eau jusqu’à la dessiccation suprême » ? Selon sa volonté, il a été incinéré au cimetière Saint-Pierre à Marseille, le 3 octobre 2009…
Extrait de l’ouvrage : Balade en Provence, sur les pas des écrivains (c) Alexandrines, mars 2012