MARSEILLE
Victor Gelu, la voix de Marseille… aujourd’hui
par Odile Delmas
Si tous les marseillais ne lisent plus aujourd’hui le Provençal, tous ont les oreilles qui résonnent encore aux échos du nom de Victor Gelu.
L’artiste qui fut baptisé a posteriori, après sa mort, par Frédéric Mistral « le vieux lion marseillais », a certes accompagné de ses chansons incisives et brutales la plèbe victime des bouleversements de la cité phocéenne au xixe siècle. Mais il est toujours présent dans le cœur populaire de Marseille, les quartiers du centre-ville comme celui que les marseillais dénomment familièrement La Plaine. Là, depuis plus de vingt ans, s’inspirent de Victor Gelu ou chantent carrément ses textes de jeunes chanteurs et groupes comme Dupain, Massilia Sound System, le Chin na na poun.
Victor Gelu n’est-il pas, lui aussi, un enfant des vieux quartiers de Marseille ? Né rue du Bon-Pasteur dans la boutique de son père, artisan boulange, il fait de solides études secondaires. Sans appartenir au petit peuple, il le côtoie tous les jours, l’observe, l’écoute et lui parle dans sa langue, le provençal marseillais. Croquer le populaire dans son œuvre lui est aisé car, comme il l’affirme dans l’avertissement à l’édition de 1840 de ses Chansons, « il faut s’asseoir au besoin sur la borne pour décrire le carrefour. Comme je m’y étais assis, moi, bien souvent et de longues heures durant mon enfance, je n’ai eu qu’à évoquer mes souvenirs pour voir poser devant moi le Crocheteur, le Manouvrier, le Plongeur, le Lazzarone de Rive-Neuve, le Garçon boulanger, le Savetier, et autres individus de même espèce »…
Extrait de l’ouvrage : Balade en Provence, sur les pas des écrivains (c) Alexandrines, mars 2012