Marseille Charles-Roux

MARSEILLE

Edmonde Charles-Roux,

la plume et la rose, les parcours d’une Marseillaise

par Marie-Nicole Le Noël

 

Le bonheur parfait, c’est naviguer

à la voile un jour de vent favorable dans la baie de Marseille.

Cette année-là, à Paris, quand naquit la petite Edmonde les laitiers étaient en grève. La première de la famille à n’être pas née à Marseille ne fut d’abord nourrie, dit-on, qu’à l’eau sucrée, maigre viatique pour un nourrisson de constitution délicate. Inquiète, la grand-mère marseillaise ne tarda pas à empaqueter le nouveau-né et à l’emmener à toute vapeur vers le soleil de Provence et la nourrice italienne qui l’y attendait.

La famille devait par la suite expliquer les « bizarreries » de la benjamine par le fait qu’on l’avait mise dans le train « les fontanelles encore ouvertes ». Et plus précisément, ses sympathies politiques et amitiés suspectes : Qu’on en juge : le clown Rhum, Christian Bérard, des légionnaires allemands, des républicains espagnols, Aragon, Orson Welles, Genet, de ténébreux Siciliens.

Edmonde Charles-Roux appartient à une vieille famille provençale. Du côté maternel, des industriels avignonnais. Garanciers et éleveurs de chevaux, alliés à des familles de l’aristocratie locale, les Thomas avaient pignon sur rue. Pour la branche paternelle, d’origine plus modeste, les Roux étaient originaires des Alpes de Haute-Provence qu’ils avaient quittées au début du xviie siècle pour tenter leur chance à Marseille dans le négoce du fruit sec. Il leur avait fallu un siècle pour faire fortune et ils devinrent alors navigateurs, négociants ou savonniers, l’industrie montante de la cité phocéenne…

 

Extrait de l’ouvrage : Balade en Provence, sur les pas des écrivains (c) Alexandrines, mars 2012

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