MARSEILLE
Louis Brauquier, poète maritime
par Michel Schefer
Victoire d’Eugénie Brauquier ! La ligne 83 promène au fronton de ses bus le nom de son frère Louis.
Poète marseillais, Louis Brauquier est né le 14 août 1900 dans le quartier de la Madeleine, aujourd’hui boulevard de la Libération.
Son enfance de petit garçon se déroule dans une atmosphère d’amour familial, son père est représentant des Fonderies de Pont-à-Mousson, son oncle Louis de la Poussardière est commissaire de bord sur les navires des Messageries Maritimes. Au moment des vacances, la famille se transporte dans la maison de Saint-Mitre les Remparts, près de Martigues auquel Louis Brauquier gardera un attachement viscéral.
À chaque retour de voyage de l’oncle Louis, la famille se rend sur le môle de La Joliette pour l’y accueillir : « Dès que j’ai su marcher, on m’emmenait à chaque arrivée et à chaque départ de mon oncle, à la Joliette. […] Je n’ai jamais oublié l’odeur des coursives où se mélangeaient celle de la peinture fraîche, celle poivrée qui venait des cales, et celle, opaque, de l’opium que fumaient dans leur poste […] les boys chinois ».
Au lycée Thiers, où il fait ses études secondaires, il rencontre Marcel Pagnol, son aîné qui vient de créer Fortunio, petite revue littéraire estudiantine où se retrouvent Jean Ballard (qui en fera plus tard, Les Cahiers du Sud et quelques autres camarades. Parmi eux, Gabriel Audisio : « Je savais qu’il écrivait des poèmes, et j’avais envie d’être son ami. […] Nous prîmes l’habitude de nous rencontrer à la Brasserie de Strasbourg […] où nous lisions nos premiers écrits. » Cette amitié indestructible dura jusqu’à la mort.
À dix huit ans, le jeune Brauquier entre au cabinet Cailler, transitaire à la Joliette, et, commis en douane, il court les quais et les passerelles des navires, participe à la vie du port… C’est l’ivresse :
« Toutes les puissances du globe
Sont là, dans la ville maritime
Où débarquent, brûlent et passent
Les races multipliées.
Dans la cohue des idiomes,
Au hasard des chants et des rixes,
Et surgissant des faits divers,
J’exalte toutes les puissances. » …
Extrait de l’ouvrage : Balade en Provence, sur les pas des écrivains (c) Alexandrines, mars 2012