Marie Le Franc à Sarzeau

PRESQU’ÎLE DE RHUYS, SARZEAU

Marie Le Franc ou l’écriture de la vie

par Jean-Louis Coatrieux

Si vous passez en presqu’île de Rhuys, vous croiserez ces panneaux où s’inscrit en quelques phrases l’histoire de Marie Le Franc. Vous vous arrêterez, à pied ou à vélo, comme d’autres passants curieux, le temps de lire et de vous retourner sur son paysage. Son nom est en fait partout. Vous vous déciderez un jour à prendre un de ses livres. Vous en chercherez d’autres. Et peu à peu, sans que vous vous en aperceviez vraiment, elle s’installera chez vous. Il y a certainement déjà d’autres habitants, des voyageurs de passage comme des résidents permanents. Vous deviendrez presque familiers. Vous serez avec elle sur les chemins de douaniers. Vous écouterez le vent souffler et la mer préparer ses vagues grises ou bleues pour mieux les enrouler sur le sable. Vous chercherez ses maisons sur la côte, à Cadenic ou à Banastère. Vous la verrez là, assise, silencieuse avec Grand-Louis l’innocent les soirs de pluie, courant les jours dans la neige avec Hélier fils des bois ou si tranquille sous la lampe à écrire Enfance Marine quand elle se souviendra de sa naissance.

Si maintenant, par goût ou par chance, vous allez en Gaspésie, vous vous assoirez devant ce grand fleuve, le Saint-Laurent, dont les frontières avec la mer bougent entre un estuaire et un golfe et se mélangent au gré des marées. Vous ne rencontrerez pas John Bradley et Jean le Rouge, les frères Méthot et l’oncle Thomas, Florence, Mary Lauzon et Tessa. Leurs descendants peut-être, à Percé, cette pierre ouverte semblant vouloir prendre au large des côtes. Le pont de glace, ce passage à fleur de mer si fragile allant de l’île au continent, ne sera pas là. Il n’existe d’ailleurs plus que sur quelques photographies. Gaspé et la Baie des chaleurs se trouvent bien plus loin et il n’y a plus de train à sept piastres avec plate-forme au vent, salon pour les femmes et fumoir pour les hommes.

[…]

Extrait de La Bretagne sud des écrivains, Alexandrines, 2014.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *