LIMOGES
Joseph Rouffanche entre terre et ciel,
par Jean-Pierre Thuillat
(extrait)
Qu’est-ce qu’un « vrai poète » ? N’étant guère théoricien, je laisse volontiers à d’autres le soin de le dire. Mais une chose est sûre à mes yeux : Joseph Rouffanche appartient sans conteste à cette catégorie. Un poète authentique, habité par cet art qui constitue l’essence même de son existence. Il est avant tout un amoureux des mots, de la langue et de la musicalité des phrases.
Sans doute est-il aussi un amoureux du Limousin. Mais l’expression, là encore, est aussi ambiguë qu’incertaine. Son Limousin est sans doute fait de vaches rousses et d’eaux vives, mais il n’est pas celui, plus viscéral et charnel, d’une Marcelle Delpastre ou d’un Georges-Emmanuel Clancier. Ce ne sont ni la langue occitane, ni les tours de Châlus, de Merle ou de Crozant qui font vibrer ses cordes intimes. Pas davantage le cloître de Tulle ou les vitraux de Saint-Étienne de Limoges.
Chez Rouffanche, nous sommes dans un pays en grande partie intériorisé. Lié à son enfance rustique, sans doute, mais hautement réinventé. Les actes de l’un des trois colloques qu’on lui a consacrés ces dernières années parlent d’un « poète entre Terre et Ciel ». Et nous sommes bien là, en effet, dans l’espace où se tient cette poésie éthérée, modulée et subtile.
Le poète est né en 1922 sur les rives de la Maulde avant son confluent d’avec la Vienne. Rêveur, l’enfant se plaisait au bord de ces rivières, dans ce pays vert où « on n’allait pas jusqu’à la mer / on ne comprenait que l’eau douce ». Il ne garde pas que de bons souvenirs de ses années d’internat tout près de l’illustre et somptueuse collégiale de Saint-Léonard-de-Noblat, et il intégra avec bonheur l’école normale d’instituteurs de Limoges.
[…]
Extrait de l’ouvrage : Balade en Limousin, sur les pas des écrivains (c) Alexandrines, mars 2009