Robert Margerit à Limoges et Isle

LIMOGES, ISLE

Robert Margerit et le Limousin, une affaire de cœur,
par André-Guy Couturier
(extrait)

Né à Brive en 1910, Robert Margerit quitte sa ville natale en 1927 pour se fixer à Limoges où il vivra jusqu’à sa mort en 1988. Si l’on ajoute qu’il est enterré à Guéret, voilà de quoi composer une identité fortement limousine. Et assurément, longtemps journaliste au quotidien Le Populaire du Centre avant de devenir écrivain à plein temps, Robert Margerit n’a guère quitté sa maison de la banlieue de Limoges que pour Paris et le suivi de ses publications aux éditions Gallimard.

En dépit de cet enracinement, l’auteur de La Terre aux loups ne s’est pas fait le chantre militant de sa terre natale, comme l’ont fait bien d’autres avant lui, et n’aura donc pas été un Eugène Le Roy du Limousin. Exit donc la figure attendue de l’écrivain régionaliste exaltant l’amour du terroir et la culture populaire, et opposant, du même coup, à un esprit parisien supposé décadent les saines vertus d’une province préservée. Le petit peuple est d’ailleurs quasi absent de ses romans dont les personnages se recrutent dans la bourgeoisie, châtelaine de préférence. Et il n’est rien de si spécifique aux lieux de l’action que celle-ci ne puisse advenir sous d’autres cieux dans des formes semblables.

Entré en journalisme par nécessité pécuniaire, il a vingt-trois ans lorsqu’il tombe sur une dépêche Havas annonçant la fondation d’un prix du roman d’aventures. Onze nuits lui suffiront pour écrire ce premier roman. Le romancier en herbe n’enverra pas le manuscrit, mais il s’est prouvé qu’il était capable d’écrire. Le voilà bien décidé à poursuivre, avec pour modèles les maîtres qu’il révère : Balzac, Zola, Maupassant et par-dessus tout Stendhal et Proust. S’ouvre alors une période féconde pendant laquelle il écrit un grand nombre de nouvelles, ainsi qu’un second roman, Nue et Nu, mené à terme cette fois, et publié en 1936. C’est, selon le propos même de son auteur, « un roman d’amour » et uniquement « le résultat d’un divertissement ; non pas une étude psychologique ni une tranche de vie, pas davantage un roman à thèse ou toute autre œuvre aussi honorable ». Cela dit, Nue et Nu fait la part belle à l’analyse psychologique omniprésente dans ses romans ultérieurs.

[…]

Extrait de l’ouvrage : Balade en Limousin, sur les pas des écrivains (c) Alexandrines, mars 2009

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