Jean Le Houx et Olivier Basselin

LES VAUX DE VIRE

Olivier Basselin et Jean le Houx : Les chants des Vaux de Vire
Guy Nondier
(extrait)

Nul n’ignore que de nos jours le vaudeville désigne une comédie cocasse aux multiples quiproquos. On sait moins que jadis le vaudeville était une chanson légère, souvent satirique qui passait de bouche en bouche. Le mot  s’employa ensuite à propos de couplets insérés dans une comédie et appartint désormais au vocabulaire du théâtre.

On pense généralement qu’il s’agit là d’une altération de « vaux de Vire », nom donné  aux chansons composées par un certain Olivier Basselin, qui, au XVème siècle, s’était établi comme foulon sur les rives de cette rivière, créateur du genre, mais sur la vie duquel on ne connaît que fort peu de choses. Il suscita des émules , cependant il fallut attendre le début du  XVIIème siècle pour qu’un avocat virois ,Jean Le Houx, 1551( ?) –1616,  fît  publier le livre des chants nouveaux du Vau de Vire. Ce fut d’abord un hommage à ce Basselin devenu une légende, mais Le Houx y ajouta des poésies de son cru et sans doute aussi des poésies d’autres auteurs. Comme il est visible que la langue des origines fut quelque peu « « modernisée », il reste fort difficile  de discerner quelle est la part de l’un et de l’autre, tant l’inspiration est voisine. Il s’agit en général d’oeuvres que l’on peut qualifier de « bachiques » ;  le genre était fort connu de l’antiquité. Certes les thèmes manquent un peu de variété , mais on peut y voir l’image d’une société très conviviale, mais élitiste,  de bons buveurs et de francs camarades.  L’avare sera honni :  « Pourquoy ne croist sur son tombeau /que du chardon qui l’environne ? /Ung  corps qui n’a beu que de l’eau, /Ne produit herbe qui soit bonne. » Déjà, au XIIème siècle, Maître Wace le chroniqueur- poète opposait la libéralité des Normands à la chicheté des « Franceis ». Le texte nous est offert  dans le français courant à l’époque de Jean Le Houx, quelques archaïsmes nous  inclineraient  à  penser parfois  à Olivier Basselin plus ancien d’une centaine d’années.  Mais Le Houx l’ « intellectuel » ne paraît pas écrire  différemment de Basselin l’artisan.

L’histoire peut cependant aider parfois notre lecture : Olivier Basselin vécut pendant la Guerre de cent ans, Jean le Houx connut les guerres dites religieuses et le recueil des Vaux de Vire fut publié en 1616, année de la mort de Jean Le Houx, six ans après l’assassinat de Henri IV. Basselin aimait la paix et la bonne vie,  mais en son siècle tourmenté ce ne fut pas « un Français renié ».

[…]

 

Extrait de l’ouvrage : Balade dans le Calvados, sur les pas des écrivains (c) Alexandrines, mai 2004

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