LES ÎLES D’OR – PORQUEROLLES Simenon

LES ÎLES D’OR – PORQUEROLLES

Simenon dans son « île idéale »
par Michel Schepens
(extrait)

 

 

En mai 1926, Simenon a vingt-trois ans et il a déjà acquis une petite notoriété sous le pseudonyme de Georges Sim. Mais l’année 1925 qui vient de s’écouler a été épuisante. Il a rédigé, sous plusieurs pseudonymes, douze romans populaires et deux cent soixante-dix contes galants qu’il a donnés aux revues spécialisées qui pullulent alors : Froufrou, Gens qui rient, Le Merle blanc, Paris-Flirt, Paris-Plaisirs… Vingt-deux contes plus ambitieux, signés Georges Sim, ont également paru dans Le Matin.

Son médecin, qui lui diagnostique une grande fatigue voire un début de dépression, préconise le repos absolu, ce qui le détermine à quitter son appartement parisien de la place des Vosges, pour s’évader à Porquerolles, où il débarque du Cormoran, le bateau qui effectue la traversée des quelques encablures qui séparent l’île du continent. Dans un roman sentimental, Les Cœurs perdus, paru en 1928 et signé Georges Sim, il évoque sa découverte des lieux, à travers son héroïne : « Le mistral ne soufflait pas ce jour-là […] dans cette île de Porquerolles, qui est comme un bouquet parfumé, piqué sur la soie bleue de la Méditerranée. Trente maisons, un port minuscule hanté seulement par les barques de pêcheurs, une forêt de pins maritimes, des falaises qui semblent de marbre, tel est le décor où Adeline Marinier allait d’un pas vif et nonchalant tout à la fois, à la façon des gens du Midi, dont la pétulance s’accompagne toujours d’une sorte de langueur. »

Avec sa femme Régine qu’il surnomme Tigy, sa cuisinière normande Henriette Liberge dite Boule, et sa chienne Jessie, un berger malinois, Simenon effectue ce premier séjour de mai à septembre et le renouvelle plusieurs fois jusqu’à l’ultime visite qu’il effectue en 1955. Après s’être brièvement établi au café de la Poste en haut de la place d’Armes, le jeune couple s’installe à la pointe de l’île, à proximité de l’hôtel du Langoustier, dans un cabanon de deux pièces prolongé d’une « espèce de véranda faite de canisses ».

[…]

 

Extrait de l’ouvrage : Balade dans le Var, sur les pas des écrivains (c) Alexandrines, février 2010.

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