LE LAVANDOU Gide

LE LAVANDOU

À la croisée des chemins Gide–Van Rysselberghe : Catherine, la petite Varoise
par Martine Sagaert
(extrait)

 

 

André Gide conçoit en même temps Les Nourritures terrestres et Paludes, des œuvres adverses comme sont contraires les terres maternelles et paternelles, la Normandie et le Midi, des œuvres à son image. Appréciant également les sapins et les palmiers, il ne reniera jamais ses origines méridionales. Son père est cévenol et il découvre la Côte d’Azur avec sa mère. Sa vie durant, il est l’homme du soleil levant et de la Méditerranée.

Cette année-là, en juin 1922, Roger Martin du Gard et sa femme sont à Porquerolles. André Gide vient les rejoindre. Tandis que Roger écrit La Gonfle, farce paysanne facétieuse, André relit Hamlet. Entre deux traductions, il « parcourt l’île en caleçon de bain, piquant du nez dans toutes les criques, courant parmi les micocouliers et les magnolias, se roulant dans le sable » et il revient déjeuner « avec des éponges dans les oreilles, une barbe de varech et des coquillages au cul, comme un dieu marin qui s’est colleté avec Amphitrite ». Il retrouve son air vagabond et son émerveillement d’enfant au premier eucalyptus en fleurs. Début juillet, il vient accueillir Maria Van Rysselberghe, accompagnée de sa fille, Elisabeth. Ils se connaissent depuis 1899 et, pendant la guerre, leur participation commune au Foyer franco-belge, destiné à aider les réfugiés, a scellé leur amitié. La Petite Dame le trouve en excellente forme ; il a « son aspect le plus débraillé, le plus en vacances ». Gide en effet est prêt à écrire de Nouvelles Nourritures. Il est dans un état euphorique, comme au premier matin du monde.

[…]
Extrait de l’ouvrage : Balade dans le Var, sur les pas des écrivains(c) Alexandrines, février 2010.

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