LE LAVANDOU
Jean Cocteau et Raymond Radiguet en vacances studieuses
par Raphaël Dupouy
(extrait)
C’est dans les premiers jours de mai 1922 que Jean Cocteau et Raymond Radiguet arrivent au Lavandou. Certes, ils connaissent déjà ce village de pêcheurs qu’ils ont rapidement découvert l’année précédente, mais là ils s’y installent pour des vacances studieuses qui vont durer près de six mois ; six mois au cours desquels, ils travailleront « à la même table » et produiront des pages inscrites à tout jamais dans l’histoire de la littérature.
Dans sa première carte postale envoyée à sa mère le jeudi 11 mai 1922, Cocteau vante les charmes de ce petit port. Au dos de cette vue générale du Lavandou avec ses hôtels en front de mer, il lui confie : « La mer est remuée par un vent chaud qui oblige à dormir à peine couvert. » Il est rassuré. Radiguet a terminé son livre. Loin des sollicitations parisiennes, son jeune protégé a écrit une fin poignante, « sans l’ombre d’enfantillage ». Lui, il évite d’écrire. Dessine un peu. Se repose. Descend à la plage en peignoir blanc.
Si l’on en croit une lettre à Max Jacob (chez qui Cocteau rencontra Radiguet en 1919), le début de ce séjour en terre lavandouraine est moins fructueux pour Cocteau que pour Radiguet, qui trouve là une ambiance propice à l’écriture. Cocteau ne travaille pas sauf à un livre intitulé « Le Violon d’Ingres » qui deviendra Dessins, recueil d’une centaine de caricatures et d’esquisses, parmi lesquelles celle de Radiguet bien sûr, mais aussi les compositeurs Georges Auric et Erik Satie, la comtesse Anna de Noailles et Jean Hugo, écrivain et arrière-petit-fils de l’auteur des Misérables.
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Extrait de l’ouvrage : Balade dans le Var, sur les pas des écrivains(c) Alexandrines, février 2010.