LA SEYNE-SUR-MER
George Sand, première touriste de Tamaris
par Adrien Vezzoso
(extrait)
Née en 1804 dans la petite aristocratie française, George Sand fut une actrice de la vie intellectuelle et culturelle parisienne pendant près de quarante ans. Celle que l’on connaît encore sous le nom de « Dame de Nohant », n’est pourtant pas restée cantonnée entre Paris et sa propriété familiale de l’Indre. Pionnière, elle est l’un des premiers « écrivains voyageurs » à une époque où les conditions de voyage sont encore précaires.
« Pourquoi voyager quand on n’y est pas forcé ? C’est qu’il ne s’agit pas tant de voyager que de partir. Quel est celui de nous qui n’a pas quelque douleur à distraire ou quelque joug à secouer. » En effet, George Sand n’a cessé de secouer les jougs sociaux, moraux et politiques de son temps. Dans une société encore conservatrice, elle est l’une des premières à revendiquer l’égalité des sexes : elle prend le pseudonyme masculin de George, s’habille en homme, fume le cigare, multiplie les relations sulfureuses après avoir rompu son mariage. On peut penser que c’est ce côté avant-gardiste qui va faire d’elle l’une des premières « touristes » de Tamaris.
Tamaris, tellement exotique en soi, désigne l’arbre du même nom (que l’on a confondu autrefois avec le tamarin ou tamarinier, arbre des régions tropicales) dont les haies bordent le rivage seynois. Sous le Second Empire, Tamaris est une vaste campagne sauvage située sur la bordure occidentale de la petite rade de Toulon. À cet endroit, le rivage forme la rade de La Seyne, avec les pointes de Balaguier, de l’Eguillette, la baie de Tamaris, l’isthme des Sablettes et la presqu’île de Saint-Mandrier. Les conditions climatiques y sont remarquables : une exposition orientale à l’abri des collines qui constituent une barrière naturelle contre les rafales de mistral.
George Sand cherche dans le Midi un endroit calme et retiré où elle pourra passer quelques mois de convalescence, à la suite de violents accès de fièvre typhoïde qui l’ont terrassée. Depuis Nohant, elle s’en réfère à son ami toulonnais, le « poète-ouvrier » Charles Poncy (1821-1892), qu’elle connaît de longue date, et dont elle a édité quelques poèmes dans sa propre revue littéraire, La Revue indépendante. Poncy, rejoint par Maurice Sand, le fils aîné de George, propose le quartier de Tamaris. C’est Albert Trucy, avoué au tribunal civil de Toulon qui, très flatté, accepte de louer sa villa des Tamarins à l’écrivain.
[…]
Extrait de l’ouvrage : Balade dans le Var, sur les pas des écrivains (c) Alexandrines, février 2010.