LA GARDE SOLLIÈS
Jean Aicard, le chantre de la « Petite Patrie »
par Jacques Papin
(extrait)
L’histoire littéraire abonde en injustices. Ainsi en va-t-il de Jean Aicard bien oublié aujourd’hui et qui fit pourtant naguère les beaux jours des bibliothèques scolaires et des manuels de lecture à l’école primaire, de l’entre-deux-guerres aux années 1960. Mais faut-il s’en étonner ? Aicard s’étant fait le chantre de la « Petite Patrie », il fut, de son vivant, classé par la critique parisienne parmi les auteurs régionalistes, à l’instar de Frédéric Mistral. Image réductrice que s’attachent à combattre sans relâche les Amis de Jean Aicard et tous les amoureux de la littérature, qui ont à leur disposition un riche fonds, conservé dans les Archives municipales de la ville de Toulon, source majeure pour mieux connaître la vie du créateur de Maurin des Maures, une vie qui comporte aujourd’hui encore bien des zones d’ombre.
Jean Aicard est né à Toulon, le 4 février 1848, au n°1 de la rue de l’Ordonnance, au domicile paternel. Son père, Jean-François Aicard, publiciste et écrivain est un philosophe saint-simonien, à une époque où le saint-simonisme s’implante solidement. Sa mère, Victoire Isnard, était alors mariée à Amédée André, le chef de file des saint-simoniens, qu’elle avait quitté deux ans auparavant et dont elle allait divorcer en 1854.
Né hors mariage, orphelin à cinq ans – son père mourut à l’âge de quarante-trois ans –, Jean fut pris en charge par ses grands-parents paternels et maternels. Il vécut à Paris et, à partir de 1854, à Toulon, où son grand-père le mit à l’école primaire, puis à l’école des arts et métiers, dite « école Jaume », jusqu’en 1857, semble-t-il. Il poursuivit ses études au lycée impérial de Mâcon. Lamartine, ami de son père, le reçoit les jours de sortie et encourage ses premiers essais poétiques. Aicard en gardera un souvenir ému. D’ailleurs, le 15 novembre 1883, à l’Académie française, il lut une partie de « Lamartine », son poème primé.
On le retrouve ensuite au lycée de Nîmes et on sait qu’à treize ans, il publie ses premiers vers dans La Gazette du Midi. Il écrit aussi sur demande pour la visite de Mgr Plantier un compliment, qui sera diffusé localement. Encouragé, Jean Aicard publiera ensuite de nombreux poèmes dans la petite presse mâconnaise, marseillaise, varoise et surtout obtiendra l’appui de Victor Hugo, qui lui vouera une indéfectible amitié.
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Extrait de l’ouvrage : Balade dans le Var, sur les pas des écrivains(c) Alexandrines, février 2010.