juan-les-pins-Fitzgerald

Parmi les écrivains de langue anglaise…

par Jean-Luc Guillet

 

Scott Fitzgerald – Ernest Hemingway

C’est une sorte d’enclave dadaïste à l’atmosphère onirique. Il y a là un peintre espagnol, une ballerine russe, l’eau y est d’une couleur jade-améthyste magnifique et sur sa plage, débarrassée de son lit d’algues, est servi du sherry frappé. L’endroit, dénommé La Garoupe, a tout simplement été inventé par Gerald et Sara Murphy formant avec leurs amis Scott Fitzgerald, Ernest Hemingway, John Dos Passos, Archibald MacLeish, Philip Barry ou Charles Brackett, tous gens de Lettres, un petit clan de gens élégants et célèbres.

Dès février 1926, Scott et Zelda Fitzgerald emménagent villa Paquita, dans la pinède de Juan-les-Pins. Demeure que leur ont trouvée les Murphy, eux-mêmes installés villa America sur les hauteurs de la Garoupe. Pour Dos Passos, Gerald et Sara sont la fortune personnalisée, possèdent la beauté, s’habillent avec brio, connaissent les arts. Mais plus encore, ils sont Dick et Nicole Diver dans Tendre est la nuit, pour l’heure en ébauche. Parlant de Sara, Scott évoque son visage sévère, émouvant et superbe, quant à Gerald ah ! c’était la perfection même. Fitzgerald dit se sentir heureux comme jamais depuis des années. Une adaptation de Gatsby le Magnifique publié l’année précédente est jouée dans un théâtre de Broadway, un nouveau recueil de nouvelles, Tous ces jeunes gens tristes, est sur le point d’être édité, enfin, suffisamment à l’abri de l’argent, il est de retour avec un roman en gestation sur sa chère Riviera. Moment fugitif toutefois, balayé par une certaine autodestruction qui accompagnera le couple durant cet été placé sous le geste de l’extravagance et d’un manque total d’instinct de conservation. Insatisfaits de la villa Paquita, Scott et Zelda s’installent en mai villa Saint-Louis, idéalement située en front de mer, tout juste à quelques pas du casino. La vue s’ouvre sur l’image de Cannes à l’horizon et le massif embrasé de l’Estérel au couchant.

 

Extrait de l’ouvrage : Balade à Nice, sur les pas des écrivains (c) Alexandrines, avril 2012

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *