JANAILLAT
Tristan L’Hermite, le chant des poètes
par Marie-Françoise Greminger
(extrait)
Comment se passe l’enfance des poètes ? Quels bonheurs, quelles blessures les font un jour chanter si bien ? Parfois on le sait, d’autres fois non. Souvent ça se limite à une évocation :
le feu secret et divin qui me porte à l’amour des Muses…
François L’Hermite est né à Soulier, près de Janaillat, vers 1601. Il n’est devenu Tristan que plus tard. On aimerait savoir pourquoi. Peut-être à cause d’une vie turbulente que même les geôles anglaises n’ont su apaiser. Et le jeu. Et le vin. Et les femmes. Ou alors portait-il en lui tant de tristesse qu’il lui fallait la nommer en même temps que d’écrire sur la mélancolie ?
Ce qu’il a bien voulu nous dire de lui est à lire dans Le Page disgracié, une autobiographie sans doute considérablement revue et corrigée qui concerne la période à laquelle il était attaché à un fils d’Henri IV. « Que dira-t-on de ma témérité d’avoir osé moi-même écrire ma vie avec un style qui a si peu de grâce et de vigueur… ».
Il y raconte ses mésaventures et, bien qu’il s’en défende, se donne le plus souvent le beau rôle : « Je n’écris pas un poème illustre, où je me veuille introduire comme un héros ; je trace une histoire déplorable… On ne verra point ici une peinture qui soit flattée, c’est une fidèle copie d’un lamentable original ; c’est comme une réflexion de miroir. »
[…]
Extrait de l’ouvrage : Balade en Limousin, sur les pas des écrivains (c) Alexandrines, mars 2009