HYÈRES-LES-PALMIERS
Dans ce pays de la lumière…
par Paul Viallaneix
(extrait)
Le Tableau de la France de Michelet, si décisif qu’il soit en tête du tome II de son Histoire de France, n’épuise pas tout le crédit accordé au mariage des provinces dans l’avènement de la nation. Michelet n’en finira pas de vérifier sur le terrain une hypothèse largement tirée, en 1833, de ses lectures. C’est à Hyères, en 1874, que la mort interrompt le « tour de France » de ce Parisien invétéré.
En 1844, après avoir visité Avignon, il s’aventure déjà bien au-delà du Rhône, où peut s’observer « l’élancement » de la Provence vers la mer opposé, dans le Tableau, au « repliement » du Languedoc. Mais il ne dépasse pas Toulon. Ici, comme à Brest en 1831, priorité au port militaire, dont les vaisseaux risquent d’être « rendus inutiles par les arts nouveaux », et au bagne dont les archives, où subsistait la trace des « galériens de la foi », ont été livrées à l’Arsenal pour fabriquer des cartouches !
Un assez long temps s’écoule. Chassé après le 2 décembre 1851 du Collège de France et des Archives, Michelet ne se sent plus chez lui dans la capitale. De refuges en refuges provinciaux, il assume un demi-exil. Ce n’est pas pour déplaire, après une lune de miel laborieuse, à sa seconde et jeune épouse, Athénaïs, fille du midi. Comme elle semble exposée, en 1857, à la « grande maladie du siècle, immense, obscure, mystérieuse » que Charcot n’a pas encore dénommée, Robin, l’ovologue, recommande un séjour à Hyères. Le couple s’installe, le 25 décembre, dans un appartement du château Bellevue, désigné par Alphonse Denis, frère du conservateur de la bibliothèque Sainte-Geneviève. Nul risque d’isolement au cœur d’une ville si appréciée des amateurs de dolce vita.
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Extrait de l’ouvrage : Balade dans le Var, sur les pas des écrivains(c) Alexandrines, février 2010.