HYÈRES-LES-PALMIERS
L’hivernant fidèle de Costebelle
par Marie-Clotilde Rousseau
(extrait)
Né à Amiens en 1852, Paul Bourget est, à quarante ans, à l’apogée de sa carrière. Homme de lettres très connu, il est membre de l’Académie française depuis 1895. Les Essais de psychologie contemporaine, puis les Nouveaux essais ont révélé au public ses qualités d’essayiste et de critique, et des ouvrages tels que André Cornélis et surtout Le Disciple l’amènent au premier plan parmi les romanciers de l’époque. Paul Bourget est un écrivain qui aime voyager. Il est capable de travailler à peu près n’importe où et de s’installer loin de Paris pour quelques semaines ou quelques mois, dans un hôtel tranquille ou dans un appartement qu’il loue pour l’occasion. Il peut ainsi, sans être dérangé, s’attaquer à l’ouvrage qu’il a en projet, oubliant ainsi la pression constante de son éditeur parisien. Amoureux de l’Italie qu’il considère comme une véritable école de beauté et d’énergie artistique, il trouve à Costebelle, son « Italie hyéroise », le lieu idéal de la tranquillité.
Vraisemblablement, Paul Bourget est venu pour la première fois à Hyères en décembre 1889. Après un séjour à l’hôtel des Îles d’Or durant un hiver ou deux, il loue, quelques temps après, une villa du quartier d’Orient ou du Venadou, la villa « Alice » ou la villa « Sainte Marie ». Puis, marié depuis six ans à Julie Louise David, que tout le monde appelle Minnie depuis l’enfance, il acquiert, en janvier 1896, la « Villa des Palmiers », à Costebelle.
Riche de souvenirs, – on sait que la reine Victoria d’Angleterre y fit un bref séjour en 1892 –, cette villa est de taille moyenne, nichée dans les arbres au pied du Mont des Oiseaux, derrière la colline couronnée par Notre-Dame de Consolation. C’est une construction à l’italienne, avec quatre baies jumelées s’ouvrant sur la pièce principale surmontée d’un fronton triangulaire et une terrasse en avant de chaque aile du bâtiment. L’entrée est au levant au-dessus d’un petit perron. À l’intérieur, les murs circulaires, qui prolongent la grande citerne centrale au sous-sol, forment à l’étage un salon rond. Sur la toiture, s’élève un belvédère à balustres rouges. À l’extérieur, s’étend sur plusieurs hectares, « l’admirable jardin, avec ses beaux arbustes exotiques […] conquis sur la forêt primitive, […] enserré des deux autres côtés par des massifs de […] pins d’Ale0p ».
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Extrait de l’ouvrage : Balade dans le Var, sur les pas des écrivains(c) Alexandrines, février 2010.