BREST
Henri Queffélec, grand écrivain du roman maritime
par Eric Auphan
Henri François Adolphe Queffélec né en janvier 1910 était le premier garçon d’une famille qui comptait déjà quatre filles, et qui comptera encore après lui un garçon et une fille. Il ne connut presque pas son père (Joseph), ancien de Polytechnique, capitaine d’artillerie coloniale mort aux Éparges le 26 avril 1916, non par les armes, mais d’une pleurésie. Élevé en Bretagne par une mère pieuse, il eut une enfance paisible, au milieu de femmes aimantes (il parla toujours avec attendrissement de ses deux grands-mères qui partageaient l’appartement du 33, place du Château : la paternelle ou « P’tit Kef », et la maternelle ou « P’tit Gwède »). Il passe régulièrement ses vacances d’été à Morgat, dans la presqu’île de Crozon. À l’occasion d’excursions à la journée au départ de Brest, il découvre Ouessant et Sein.
De 1910 (année où l’enfant prend son premier bain de mer à Portsall) à 1930, les vacances estivales ramènent toujours les Queffélec à la côte finistérienne, comme le flux apporte en ces lieux les épaves de la mer d’Iroise. En 1926, après la classe dite « de Philosophie » et son succès au baccalauréat, il envisage un moment de préparer Saint-Cyr, mais part finalement pour Paris « faire sa khâgne » au lycée Louis le Grand, où il demeure trois ans. Il est reçu au concours d’entrée à l’E.N.S. d’Ulm en 1929 et va faire à Normale Sup’ la connaissance de Louis Poirier. À l’automne 1931, il reçoit chez lui à Brest son ami. Il lui suggère de prendre le nom de plume de Julien Gracq et lui fait découvrir les coins et recoins de sa chère Bretagne, notamment la presqu’île de Crozon. Au château d’Argol est né en partie de ces promenades inspirées.
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Extrait de La Bretagne sud des écrivains, Alexandrines, 2014.