Nourissier à Arpaillargues

Arpaillargues

La vie de château,
par François Nourissier

(extrait)

 

Né en 1927 à Paris, d’une famille lorraine et flamande, François Nourissier s’est taillé une belle place dans l’édition française en alternant, depuis un demi-siècle, autobiographies et romans à succès. Dans sa vie riche en voyages et en rencontres, le département du Gard et ses habitants occupent une place singulière. Tout près du cœur.

 

Ma découverte du Gard remonte à 1942 ou 1943. Pour occuper les jeunes gens de mon espèce qui – au grand désespoir des généraux vichyssois ! – ne faisaient pas leur service militaire, le gouvernement avait instauré le « service civique rural ». Affublés d’une grande cape verte et d’un béret basque, ces jeunes gens devaient passer un mois par an à aider les paysans dans leurs tâches quotidiennes. Dès la promulgation de la loi, cela a été la course aux cousins, aux oncles ou aux amis de la campagne, tous ceux qui étaient susceptibles de rédiger des certificats bidons. Mon meilleur ami, Frédéric Peyron, résidait avec ses parents et ses sœurs dans le petit village de Moussac, près d’Uzès. Il m’a donc invité souvent, l’été 1943 et le suivant. Sa famille était très enracinée. Sa grand-mère était, je crois, la veuve du maire des Saintes-Maries-de-la-Mer et il y avait partout des photos de ses grands-oncles, amis des Baroncelli, habillés en gardians. Bien entendu, nous ne participions pas du tout aux travaux agricoles. Nous nous baladions. En pédalant sur toutes ces petites routes, j’ai découvert avec émerveillement non seulement Uzès, abandonnée au vent, mais aussi Nîmes, Avignon, le pont du Gard… La mer étant trop éloignée, nous allions nous baigner dans le Gardon. Mais il avait la mauvaise réputation, d’ailleurs justifiée, de transmettre la polio. Quant au pont du Gard, nous le connaissions déjà par les photos, mais j’ai été frappé par la brièveté de la dédicace que j’y ai découverte : « Au dieu des monts du Gard – Sabinula. » Sabinula était le donateur et il avait fait cette simple dédicace en quatre mots ! C’est toujours gravé dans la pierre depuis les Romains…

[…]

 

Extrait de l’ouvrage : Balade dans le Gard, sur les pas des écrivains (c) Alexandrines, mai 2008

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