Eugène Sue à Beaugency

BEAUGENCY

Eugène Sue, bonheur, travail et politique au château des Bordes

par Christine Laflorentie

 

 

Né sous le Premier Empire à Paris, dans une riche famille de chirurgiens, Eugène Sue préfère aux études de médecine, la vie de bohème et d’aventures du dandy parisien. Pour l’écriture de ses premiers romans, il puise son inspiration dans ses souvenirs maritimes et mondains. Sa rencontre avec le milieu ouvrier militant et les bas-fonds de la capitale en 1841, marque le tournant de sa carrière. Ainsi, il compose dans le Journal des débats, sous forme de feuilleton, Les Mystères de Paris. Cette grande fresque sociale passionne la France entière. Ce succès extraordinaire, confirmé par la parution du Juif errant en 1844, fait d’Eugène Sue une haute figure du socialisme français.

Depuis de nombreuses années, Eugène Sue avait pour habitude de fréquenter la maison familiale et les résidences de son beau-frère Marc Caillard, directeur des messageries Laffite et Caillard. Il se retire occasionnellement aux Châtelliers à Saint-Mesmin près d’Orléans et dans les châteaux de Souesmes (Loir-et-Cher) et des Bordes (commune de Lailly-en-Val).

L’écrivain, lassé des mondanités parisiennes, et fort de sa réussite, décide de s’installer en Sologne dans les années 1845. Le romancier achète à son beau-frère une des dépendances du château des Bordes qu’il transforme en un charmant cottage et agrémente d’une serre. Eugène Sue commente sa nouvelle condition dans une lettre envoyée à Ernest Legouvé du 3 mai 1847 : « Je suis heureux comme dix rois, j’ai des chiens excellents, je travaille beaucoup et mes serres sont en pleine floraison. Je vous assure que dix heures du soir arrivent avec une incroyable rapidité et à six heures, jour ou non, je suis sur pied. Mais la grande affaire est toujours pour moi le travail, et quand je suis content de ce que j’ai écrit le matin, je monte à cheval ou je chasse avec double plaisir. Voilà, j’espère une fameuse vocation… »

Eugène Sue indique simplement qu’il habite « la ferme des Bordes, près de Beaugency » et c’est à cette adresse qu’il exige qu’on lui envoie le courrier. Lors de sa visite en 1846 ou 1847 au château des Bordes, l’écrivain romanesque Alexandre Dumas compare le site à « un paradis terrestre au sein de la Sologne ». Il confie également que l’écrivain s’est épris d’une « jeune fille du peuple, petite, brune, modeste » avec qui il partagea sa vie jusqu’à son décès accidentel en 1848…

Extrait de l’ouvrage : Balade en région Centre, sur les pas des écrivains (c) Alexandrines, 2013.

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