ÉTRETAT, FÉCAMP
Maupassant et le pays de Caux,
par Olivier Frébourg
(extrait)
Rarement une région, un terroir auront autant irrigué l’oeuvre et la vie d’un écrivain. La relation entre Guy de Maupassant, né le 5 août 1850 au château de Miromesnil, et le pays de Caux, ce triangle entre Rouen, Dieppe et le Havre, a été fusionnelle. Il y a du paysan chez Maupassant qui creusa le sillon de son écriture en Seine Inférieure (aujourd’hui la Seine-Maritime).
Le château de Miromesnil, à 8 kilomètres de Dieppe, ne lui laissa pourtant aucun souvenir. À 28 ans, avec son ami rouennais, Robert Pinchon, il effectua son seul retour vers son état civil : « Le lendemain, dès le matin, nous sommes partis pour Miromesnil où nous avons gagné le château par la grande avenue qui voit la mer, au-dessus de Saint-Aubin-sur-Scie. La façade du château de ce côté ne m’a rien rappelé… »
Guy de Maupassant était indifférent au lieu de sa naissance. Il lui rappelait son père, Gustave de Maupassant, peintre amateur, un raté de la paternité. En revanche, sa mère, Laure Le Poittevin, fut pour lui l’incarnation de cette Normandie qui ne cessa de le hanter dans son oeuvre.
Son tropisme normand se développe à Fécamp, où s’est retirée sa grand-mère maternelle. Caroline Franklin-Grout, la nièce de Flaubert et amie d’enfance de Guy, témoigne : « La vie était large et bonne chez madame Le Poitevin. Elle appelait à elle très souvent ses petits-enfants. C’est ainsi que Guy de Maupassant fut mon camarade de jeu. Bien que plus jeune que moi de 4 ans, il prétendait, étant donné sa supériorité d’homme, entendre être toujours le maître. J’acceptais, nous ne nous querellions jamais.
Là, il s’initie aux joies d’être un jeune marin se rêvant capitaine. « Son jeu favori était de simuler un navire sur un banc de gazon qui avait, aux deux bouts et derrière, des arbres qui devenaient des mâts, et les commandements étaient lancés d’une voix ferme : tribord, bâbord, larguez les voiles, etc. J’étais le mousse, le matelot, le second. »
Naviguer, écrire, aimer… Le reste est ennui, déperdition d’énergie. Aujourd’hui, la maison de Fécamp a été en partie détruite. Subsistent le rez-de-chaussée et le premier étage. La propriété abrite le lycée maritime Anita-Conti.
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Extrait de l’ouvrage : Balade en Seine-Maritime, sur les pas des écrivains (c) Alexandrines, mars 2007