Victor Hugo d’Ault au Crotoy

D’AULT AU CROTOY

En Baie de Somme, sur les pas de…
Par Jean Estienne
(extrait)

Victor Hugo

Depuis 1834, Victor Hugo fait chaque année, au mois d’août une longue excursion avec sa maîtresse Juliette Drouet. Presque chaque jour, il envoie une lettre à Adèle, sa femme, qui lui répond poste restante. Il n’y a rien d’imprévu dans ces étranges voyages, les itinéraires sont précis, les billets achetés d’avance, les hôtels retenus. Bien entendu Victor Hugo est censé voyager seul, par bienséance naturellement.

Du 10 août au 15 septembre 1837, Victor et Juliette parcourent Amiens, Abbeville, Doullens, la Belgique ; puis le Tréport, Saint-Valery-sur-Somme, le Crotoy et Rambures.

Pendant que Juliette se repose à l’hôtel, Victor excursionne en carriole, en diligence, en bateau à vapeur, en chemin de fer, pour la première fois de sa vie, de Bruxelles à Anvers, et, bien entendu, à pied. Vingt, trente kilomètres par jour ne lui font pas peur. Le soir il écrit ses lettres et compose les poèmes que lui inspirent les rencontres de la journée :

Arras, 13 août 1837

« …Me voici à Arras, prêt à pénétrer en Belgique. Hier matin j’ai suivi en bateau à vapeur les bords de la Somme d’Amiens à Abbeville. Au moment où je m’embarquais, le soleil se levait dans une brume épaisse au milieu de laquelle se détachait la silhouette immense de la cathédrale, sans aucun détail de la masse, par le profil seulement, c’était superbe.

Rien de plus joli que les bords de la Somme. Ce n’est qu’arbres, prés, herbages et villages charmants. Mes yeux y ont pris un bain de verdure. Rien de grand, rien de sévère, mais une multitude de petits tableaux flamands qui se suivent et se ressemblent… des îles exquises, la rivière gracieusement tordue au milieu d’elles et partout de petites prairies heureuses à herbe épaisse avec de belles vaches pensives sur lesquelles un chaud rayon de soleil tombe entre les grands peupliers ».. De temps en temps on s’arrête aux écluses ; et pendant que ce petit travail se fait, la machine à vapeur geint comme une bête fatiguée… J’ai revu Abbeville avec le plus grand plaisir. »

[…]
Extrait de l’ouvrage : Balade dans la Somme, sur les pas des écrivains (c) Alexandrines, mars 2007

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *